LETTRE DE SYDNEY

Comment communiquer sans Snapchat ? Le groupe de quatre lycéens, tout juste sorti de cours dans une banlieue verdoyante au nord de Sydney, ne s’est jamais vraiment posé la question. « C’est le moyen le plus simple et le plus efficace, pourquoi j’en utiliserais un autre ? », lance Angus Low, 15 ans, avec un regard malicieux. Cet adolescent, qui passe aussi près de quatre heures par jour sur TikTok, va pourtant devoir y réfléchir. L’Australie a adopté, le 28 novembre, une loi interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Une première mondiale.
Le texte, fruit de longs débats, entrera en vigueur en novembre 2025. Il impose aux plateformes de prendre des « mesures raisonnables » pour mettre en place des dispositifs de vérification de l’âge. En cas de non-conformité, elles risquent des amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (30,47 millions d’euros).
Parmi les réseaux concernés figurent Snapchat, TikTok, Facebook, Instagram ou encore X. En revanche, les applications de messagerie ou celles dévolues à l’éducation et à la santé sont exclues de cette réglementation, tout comme YouTube.
« C’est une mesure que nous réclamions depuis très longtemps. Cette législation adresse un message clair à la société : les réseaux sociaux représentent un danger pour les plus jeunes. Elle permet aussi aux familles de s’appuyer sur ce message, envoyé par les autorités, dans leurs échanges avec leurs adolescents à la maison », se félicite Dany Elachi, cofondateur de The Heads Up Alliance, une organisation qui accompagne ceux qui souhaitent élever leurs enfants sans smartphone ni réseaux sociaux.
« Une approche rigide et inadaptée »
En Australie comme partout ailleurs dans le monde, les inquiétudes grandissent face aux effets délétères d’un usage excessif de ces plateformes : addiction générée par leurs algorithmes, impact sur la concentration, baisse de l’estime de soi, détérioration de la santé mentale, mais aussi exposition accrue à la désinformation, au cyberharcèlement et à la violence. « Près des deux tiers des Australiens âgés de 14 à 17 ans ont été confrontés à des contenus en ligne extrêmement préjudiciables, tels que des abus de drogues, des suicides ou des automutilations », a détaillé Michelle Rowland, ministre de la communication, lors de la présentation du texte.
Le premier ministre travailliste, Anthony Albanese, très engagé sur cette question et en pleine campagne électorale pour les législatives prévues d’ici à mai 2025, a bénéficié du soutien d’une large partie de l’opposition conservatrice.
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