Pour l’heure, elles ne sont qu’une poignée. Dans la foulée de l’entrée en vigueur d’un couvre-feu de nuit pour les mineurs, le 22 avril, dans certains quartiers de Pointe-à-Pitre et des Abymes (Guadeloupe), quelques villes métropolitaines leur ont emboîté le pas. Avant Nice, qui cantonne les moins de 13 ans au domicile de leurs parents depuis le 1er mai, Les Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) ont fait de même le 25 avril, ainsi que Béziers (Hérault), dès le 22 avril. Comme tous les ans depuis 2004, Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) a lancé le sien le 1er avril pour sept mois.
Certains maires ont déjà utilisé cet outil dans le passé (comme à Béziers ou à Nice), mais leur décision récente résonne comme une réponse à l’appel à la « mobilisation générale de la nation pour renouer avec ses adolescents, juguler la violence », lancé par le premier ministre le 18 avril, lors de son discours à Viry-Châtillon (Essonne). Après les émeutes de 2023 et les récents faits divers impliquant des mineurs, Gabriel Attal a promis un « sursaut d’autorité » pour lutter contre l’« addiction à la violence » d’une partie de la jeunesse. Le maire Renaissance des Pennes-Mirabeau s’y réfère d’ailleurs explicitement.
Les élus locaux entendent aussi bien protéger les mineurs que lutter contre la délinquance juvénile. Pour l’année 2023, et les trois premiers mois de 2024, 1 230 mineurs ont été interpellés pour des faits délictueux, rappelle le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, dans l’arrêté qu’il a signé le 26 avril. Et la tendance « ne faiblit pas », s’y alarme M. Estrosi, qui n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. « Je soutiens ces initiatives », a déclaré le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le 25 avril : « Les maires qui le font sont des gens tout à fait raisonnables. »
Un nombre très faible de communes
Le ministère de l’intérieur ne sait pas combien de villes ont pris cette mesure, mais le nombre apparaît très faible à ce stade. Au reste, pour le gouvernement, la généralisation du couvre-feu provoquerait peut-être plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. « Les quartiers concernés sont très compliqués, rappelle le sociologue Thomas Sauvadet, auteur de Voyoucratie et travail social (Editions du Croquant, 2023). Les réseaux qui y sont installés savent esquiver les descentes de police. » Mais les dérapages ne sont pas exclus. « Vous imaginez, après Nahel [le jeune tué dans un contrôle de police, à Nanterre en juin 2023, entraînant une dizaine de nuits d’émeutes], des courses-poursuites entre jeunes et policiers ? Médiatiquement et politiquement, ce serait catastrophique. »
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