« Alerte extrêmement grave – IMPORTANT : message du ministère de l’intérieur relatif au périmètre de sécurité de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques [JO] du 18 au 26 juillet 2024 inclus. » Lundi 13 mai à 20 heures, de très nombreux Parisiens ont reçu un message sur leur téléphone, accompagné d’une sonnerie stridente. Il s’agit du dispositif FR-Alert, un système d’alerte d’urgence prévu pour les catastrophes naturelles, les risques biologiques et chimiques, technologiques, industriels, ou encore les attentats.
Pourquoi avoir eu recours à ce dispositif simplement pour alerter les Parisiens de l’entrée en vigueur du Pass Jeux, un QR code obligatoire pour circuler pendant les JO cet été ? Contacté par Le Monde, le ministère de l’intérieur confirme l’usage de FR-Alert, mais renvoie vers la Préfecture de police (PP) de Paris, qui peut y avoir recours sans son aval.
Le message d’alerte a été diffusé aux téléphones présents dans la zone qui constituera le périmètre « sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme (SILT) » en amont de la cérémonie d’ouverture des JO, selon le ministère de l’intérieur, auprès de Franceinfo. « FR-Alert est un dispositif exceptionnel pour diffuser largement une information lors d’un événement exceptionnel, ici pour que tout le monde puisse prendre des dispositions pendant les JO », déclare au Monde la PP, qui a publié un tweet dans la foulée, sans plus d’explications.
« Ce n’est pas un test »
« C’est une alerte envoyée dans les périmètres de sécurité et leurs abords pour informer largement de l’ouverture de la plate-forme », a précisé un peu plus tard le ministère de l’intérieur à l’Agence France-Presse. « Ce n’est pas un test. C’est une information », a poursuivi la Place Beauvau, ajoutant : « A événement exceptionnel, dispositif exceptionnel. »
L’alerte a ainsi été envoyée à 20 heures « pour toucher un maximum de personnes », ont justifié les autorités, face à l’étonnement sur les réseaux sociaux quant à l’écart entre la forme et le fond du message.
Ce dernier a d’ailleurs perturbé une joute verbale dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale entre La France insoumise et Gérald Darmanin. A 20 heures précises, alors que le ministre de l’intérieur était en plein débat sur la Nouvelle-Calédonie, la cacophonie a succédé à la sonnerie stridente de l’alerte : « M. le ministre, il y a une alerte ! », ont lancé plusieurs voix chez les « insoumis », alors que Gérald Darmanin essayait d’éteindre son propre téléphone, tout en reprenant le fil de son discours. La présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a dû intervenir : « Monsieur le ministre, vous entendez bien qu’il y a une alerte en ce moment, personne ne vous entend ! »
Technologie « cell broadcast »
Le dispositif FR-Alert s’appuie sur la technologie dite de diffusion cellulaire (cell broadcast), qui permet de faire sonner les téléphones dans un rayon d’antennes même s’ils sont en mode silencieux. Cette technologie laisse de côté au moins un quart des appareils en circulation. Sont exclus les téléphones mobiles ordinaires : un Français sur dix est équipé d’un de ces modèles à l’ancienne, plus populaires chez les seniors.
Même parmi les smartphones, certains modèles d’ancienne génération ne peuvent pas recevoir les alertes. Dans les gammes d’Apple, sont uniquement compatibles les modèles commercialisés après septembre 2015, date de sortie de l’iPhone 6S, à la condition expresse que leur logiciel iOS soit à jour. Du côté des mobiles Android, l’écrasante majorité des modèles sortis depuis 2021 peuvent recevoir les alertes, mais les modèles datant d’avant 2018 sont rarement compatibles.