Justina Inusuglok est née en 1958 à Iginniarfik, un petit village sur la côte ouest du Groenland, où ne vivaient plus que 73 habitants au dernier recensement, en 2017. Depuis août 2024, elle loue, pour 2 000 couronnes (270 euros) par mois, une pièce minuscule qui a tout juste la place pour un lit et une table, dans un ensemble de conteneurs, en bordure de Nuuk, la capitale de l’île. Elle y partage les toilettes et la cuisine avec les autres locataires, presque tous des hommes qui, comme elle, ont vu leur vie dérailler.


Assise sur le canapé élimé, dans la salle commune surchauffée, la petite femme au sourire triste raconte : avant, elle était aide-soignante dans un orphelinat à Sisimiut, la deuxième plus grosse ville du Groenland. Elle avait un fils. A 19 ans, il s’est suicidé. Justina a sombré et commencé à boire, avant d’arrêter finalement en 2004. « Depuis, je n’ai pas bu une goutte d’alcool, ni fumé une cigarette », dit-elle fièrement. Mais elle n’a plus jamais travaillé, vivant d’une petite pension et logeant chez des amies.
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