C’est une petite bulle d’étudiants en droit qui se destinent aux grands cabinets d’affaires. A l’intérieur, tout le monde sait qu’un LLM, du latin Legum Magister, ou Master of Laws en anglais, un diplôme en droit de niveau master délivré par les universités anglo-saxonnes, est un argument indiscutable sur un curriculum vitae (CV). Une rapide excursion sur les sites des quinze plus importants cabinets de Paris montre que les associés en sont très souvent pourvus.
Chez Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, on dénombre plusieurs diplômés du LLM de Harvard, à Boston ; chez Bird & Bird, un ancien du King’s College, à Londres ; chez Allen & Overy, c’est la New York University. Dans le monde compétitif du barreau d’affaires, le prestige des grandes institutions anglo-saxonnes fait briller plus fort certains profils de juristes, déjà surdiplômés. On remarque aussi chez les partners (« associés »), en plus de leur formation d’avocat, un ratio élevé de diplômés d’écoles de commerce ou d’instituts d’études politiques.
Dans certaines universités, le LLM a d’ailleurs été pensé comme un passage obligé du cursus. A l’image de la Grande Ecole du droit, à l’université Paris-Saclay, une formation créée en 2009 par Véronique Magnier, professeure de droit des affaires. « Les grands cabinets d’affaires sont toujours en quête d’excellence et de profils internationaux, c’est une tendance lourde du secteur. Dans ce contexte, le LLM atteste que l’étudiant maîtrise la common law, le droit anglo-saxon, et qu’il est capable de rédiger des contrats en anglais et de négocier dans cette langue », explique l’enseignante, qui dirige aussi un cours de gouvernance d’entreprise dans un LLM de l’université de Georgetown, à Washington. Depuis une dizaine d’années, elle observe justement, depuis les bancs de l’université jésuite américaine, que la proportion d’étudiants internationaux n’a cessé d’augmenter.
« Cherry on the cake »
Comme les cabinets de conseil et les banques d’affaires, les grands cabinets d’avocats pratiquent une sélection drastique à l’entrée. « Les meilleurs candidats sont ceux qui peuvent afficher des compétences et des diplômes en plus de leur cursus de droit traditionnel. Un barreau à l’étranger, un double diplôme avec des écoles de commerce ou Sciences Po, cela montre leur ouverture au business. Le LLM, c’est la cherry on the cake de tout cela », raconte Martin Chevillard, chasseur de têtes, depuis près de quinze ans, d’avocats, de notaires, de juristes, de cadres et de dirigeants. Sans compter les soft skills implicites recherchées par ces cabinets : « Ils veulent embaucher des gens smart, compétitifs et très travailleurs. Le LLM permet de montrer, en plus, que vous êtes du sérail », reconnaît l’expert en recrutement.
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