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« Le Monde » et les Jeux olympiques, une irrésistible attraction

by Marko Florentino
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Traiter du sport dans Le Monde est une école de modestie. Pas un journaliste qui ne se soit entendu dire par un champion déjà doré sur tranche ou par un potentiel médaillable : « Ah bon, il y a du sport dans Le Monde ? » Tant le magistère du prestigieux quotidien a longtemps semblé s’arrêter à la porte des stades, des piscines ou des gymnases. On sait également bien des lecteurs en proie à des allergies éruptives qui, au troisième mot de ce texte, ont déjà tourné la page ou fermé l’article numérique… Ou des confrères qui, après avoir disséqué le match de la veille devant la machine à café, penseront que cet article est de la place perdue qui aurait été mieux utilisée pour d’autres sujets autrement importants. « Au Monde, on t’en dit plus long sur le vice-secrétaire d’Etat à la main-mise ougandaise que sur Bernard Hinault », persiflait San-Antonio, alias Frédéric Dard, dans Baise-Ball à La Baule (Fleuve, 1980).

Et pourtant, il y a du sport dans Le Monde. Depuis quatre-vingts ans et bien avant que les Jeux olympiques (JO) d’été ne décident, en cette fin de juillet, de faire escale en France, à Paris, autant dire ne viennent s’installer sur le paillasson du journal. Il y a du sport dans Le Monde depuis le 27 décembre 1944 exactement et le numéro 8 du quotidien où, au verso d’un journal qui ne comptait pourtant qu’une feuille en format berlinois, ce mot apparaît en têtière, au-dessus du résultat d’un anonyme match de hockey sur gazon à la Croix-Catelan, dans le bois de Boulogne, à Paris. Cette brève était sise à côté d’une notule à peine plus longue sur l’état du ravitaillement, répertoriant les innombrables pénuries et annonçant qu’il n’y aurait pas de chocolat à Noël. Des jeux et pas de pain, en somme… Ou des bras et pas de chocolat…

La naissance de la rubrique sportive proprement dite a été merveilleusement racontée par Olivier Merlin dans un livre de souvenirs (Une belle époque. 1945-1950, Olivier Orban, 1986). Cet ancien journaliste du Temps, lieutenant de l’armée française en 1940, sort de près de cinq ans dans un camp de prisonniers quand il retrouve Hubert Beuve-Méry au mitan de 1945. Le jeune patron du Monde, 43 ans, à la réputation de janséniste, affectionne ce cadet de cinq ans qui cultive un esprit hédoniste, à son exact opposé. En cette année 1945, Hubert Beuve-Méry propose à Olivier Merlin d’intégrer le service politique, autrement dit lui offre la Légion d’honneur. Refus poli. « Je voudrais créer une rubrique de sport », ose suggérer le kamikaze. Entendant cette hérésie, André Chênebenoit, vieux briscard du métier, s’étrangle. « Une rubrique de sport ! Avec deux pages, ou plutôt une seule recto verso, et tant de copie sérieuse sur le carreau… » Le sport n’est pas sérieux : l’anathème est lancé. Que peut avoir à faire Le Monde de ses frivolités ?

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