Le Niger, le Burkina Faso et le Mali, trois pays sahéliens gouvernés par des juntes militaires, ont décidé d’unir davantage leur force pour lutter contre le djihadisme en créant une armée commune. Ces trois pays où les régimes civils ont été renversés dans des putschs entre 2020 et 2023, ont formé l’an dernier une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
« Dans cet espace commun, nos forces pourront désormais intervenir ensemble », a déclaré, mardi 21 janvier, le général Salifou Mody, ministre de la défense nigérien, précisant que cette « force unifiée, qui est pratiquement prête, a un effectif de 5 000 hommes ».
« Cette force unifiée aura non seulement son personnel, mais ses moyens aériens, ses moyens terrestres, ses moyens de renseignement et, bien sûr, son système de coordination », a-t-il ajouté lors d’une interview à la télévision publique nigérienne, expliquant qu’il s’agit d’une « question de semaines » avant qu’elle soit opérationnelle.
Départ effectif de la Cedeao le 29 janvier
Les trois pays de l’AES constituent un vaste territoire enclavé de 2,8 millions de kilomètres carrés, soit quatre fois la France. Ils font face aux attaques récurrentes de groupes djihadistes liés à Al-Qaida ou l’Etat islamique depuis une décennie.
« Nous sommes dans un même espace, nous faisons face aux mêmes types de menaces, notamment cette menace de groupes criminels. Il fallait mutualiser nos efforts », a déclaré le général Mody. « C’est nouveau, c’est original et c’est sécurisant pour notre espace et pour nos populations », a-t-il ajouté.
Les pays de l’AES mènent déjà des opérations ponctuelles conjointes contre les djihadistes, notamment dans la zone des trois frontières, où les attaques sont les plus nombreuses.
Ils ont annoncé leur départ de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) l’organisation régionale qu’ils jugent notamment inefficace face à leurs défis sécuritaires et qui avait menacé d’attaquer le Niger après le coup d’Etat de juillet 2023. Ce départ sera effectif le 29 janvier, un an après l’annonce, conformément aux textes de l’organisation. L’AES accuse également la Cedeao d’être inféodée à la France, l’ancienne puissance coloniale, à laquelle ils ont tous tourné le dos, privilégiant de nouveaux partenaires, comme la Russie.