Le parquet de Mendoza, où est instruite l’enquête contre Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux rugbymen français accusés de viol aggravé en Argentine, s’est prononcé, vendredi 4 octobre, pour un non-lieu. Il sera étudié lors d’une audience à huis clos fixée au 18 octobre par le juge chargé du dossier. La décision devrait être mise en délibéré.
« La défense a demandé le non-lieu devant le parquet, et le parquet soutient le non-lieu et demande une audience auprès du juge », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Martin Ahumada, porte-parole du parquet de Mendoza.
Hugo Auradou et Oscar Jegou, tous deux âgés de 21 ans, sont inculpés de viol aggravé car commis en réunion pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un test-match contre l’Argentine.
Les deux joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. Et ils nient toute violence, alors que l’avocate de la plaignante a évoqué « une violence terrible », qui a vu sa cliente « sauvagement battue ».
L’un des avocats argentins des deux jeunes rugbymen français, Me Rafael Cuneo Libarona, s’est déclaré « satisfait » auprès de l’AFP de la position du parquet. Il estime que cette affaire doit « alerter sur les cas de dénonciations abusives contre des personnes innocentes ».
« Si, dans mon cabinet, nous défendons de nombreuses femmes qui sont agressées sexuellement, je crois cependant que le rôle de la justice était de protéger ces deux hommes face à ces fausses accusations », a-t-il ajouté.
« Inconsistances et contradictions »
En France, Me Antoine Vey a salué « une décision en droite ligne avec l’ensemble des éléments qui ont été collectés, vérifiés et discutés tout au long de l’enquête ». « Nous attendons sereinement la fin cette procédure », a ajouté l’avocat des deux joueurs dans une déclaration transmise à l’AFP.
L’avocate de la plaignante n’avait pas répondu vendredi soir aux sollicitations de l’AFP.
La demande de non-lieu du parquet intervient après la validation, fin septembre, d’un dernier acte de procédure, un rapport d’expertises psychiatrique et psychologique de la plaignante. Réalisé par des experts mandatés par le parquet, il paraissait fragiliser la position de l’accusation.
Les deux praticiens co-auteurs de l’expertise notent « une série d’inconsistances et de contradictions [dans le témoignage de la plaignante] (…) qui dessinent globalement un récit peu vraisemblable ».
L’expertise met aussi à mal la spontanéité de la plaignante, relevant une « perméabilité à ce que disent les autres », un « récit ni libre ni spontané (…) et teinté d’influences externes évidentes, notamment de son amie » avec qui elle avait eu peu après les faits une conversation « rieuse » par messages audios.
Hugo Auradou va rejouer en Top 14
L’expertise psychologique de l’accusatrice n’exclut aucunement qu’elle « puisse connaître un mal-être émotionnel, vivant ce qui s’est passé comme traumatique », relèvent les deux experts. Néanmoins « au sens strict », elle « ne présente pas de symptômes cliniques de stress post-traumatique causé par ce qu’elle dénonce ».
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La plaignante a, pour sa part, exposé jeudi devant une commission législative son sentiment de droits « bafoués » par la justice, après avoir demandé en vain, par le biais de ses avocats, la récusation des deux procureurs chargés de l’enquête.
D’abord détenus puis placés en résidence surveillée, Hugo Auradou et Oscar Jegou ont été libérés à la mi-août, puis autorisés à quitter l’Argentine dans l’attente de la fin de l’instruction. Ils ont regagné la France le 4 septembre, et ont repris depuis l’entraînement dans leurs clubs. Hugo Auradou doit retrouver la compétition, samedi, en Top 14, où il sera titulaire avec son club de Pau en déplacement à Perpignan.