La prison de Toulon a été visée par des tirs à l’arme automatique dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 avril, a fait savoir, mardi, l’entourage du ministre de la justice, Gérald Darmanin, auprès de l’Agence France-Presse (AFP). Par ailleurs, des véhicules ont été incendiés devant plusieurs établissements pénitentiaires.
M. Darmanin s’est rendu dans l’après-midi au centre pénitentiaire de Toulon pour « apporte[r] [s]on soutien » à l’administration pénitentiaire, a-t-il déclaré sur place. Le ministre a affirmé qu’il « n’y a pas eu de revendication » à ce qu’il a qualifié d’« attaque coordonnée », assurant également que « la République ne cèdera pas » à ces « intimidations ».
A la mi-journée, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé se saisir de l’enquête. En début de soirée, le PNAT a justifié son autosaisine en raison, notamment, des « cibles choisies », du « caractère concerté » des attaques et de « l’objectif [poursuivi] de troubler gravement l’ordre public (…) tel que revendiqué sur les réseaux sociaux par un groupe baptisé “DDPF” (Défense des prisonniers français) ». L’enquête a été ouverte des chefs d’« association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes », de « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur une personne dépositaire de l’autorité publique » et de « dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui ».
Lors de son déplacement, M. Darmanin a surtout parlé de méthodes que l’on retrouve dans les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants : « Quand on tire à la kalachnikov sur une porte de prison, ça ressemble furieusement à ce que j’ai connu quand j’étais [ministre de] l’intérieur, c’est-à-dire souvent des gens qui sont payés quelques centaines, quelques milliers d’euros, qui vont remplir des petits contrats pour pouvoir intimider », a expliqué le ministre, ajoutant : « On le fait en général entre voyous, on le fait rarement contre les forces de la République, mais pour intimider l’autre. »
Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a de son côté dénoncé « plusieurs attaques inacceptables » et a dit avoir « donné cette nuit instruction (…) de renforcer sans délai la protection des agents et des établissements ». Il a assuré sur X que « la réponse de l’Etat devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents ».
Les prisons de Nanterre, Valence et Villepinte visées
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a quant à lui affirmé sur X que « deux véhicules ont été incendiés » à proximité de la prison d’Aix-Luynes, dont le portail a été « attaqué ». Il a également annoncé qu’un véhicule a été incendié devant la prison de Marseille et dix autres tagués. « Dix véhicules pénitentiaires ont été tagués de l’inscription “DDPF”. C’est une honte absolue. Je réaffirme mon soutien aux agents pénitentiaires pour leur courage », a écrit sur X la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, en postant une photo de véhicules tagués.
Trois véhicules ont été incendiés lundi soir sur le parking de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), selon une source policière interrogée par l’AFP. Un bidon d’hydrocarbure de 5 litres a été retrouvé sur place. Les images de vidéosurveillance ont permis de voir que les deux incendiaires ont pénétré dans l’enceinte en passant par une butte de terre, incendiant chacun un véhicule, le troisième ayant été atteint par propagation.
Selon une autre source policière, les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine) et de Valence (Drôme) ont aussi été touchés par des incendies de véhicules, dont certains avaient préalablement été tagués avec la mention « DDPF ».
Selon le ministère de la justice, interrogé par Le Monde, plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’incendies de véhicules ces derniers jours. Dans la nuit de dimanche à lundi, sept véhicules ont été incendiés sur le parking de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire, à Agen. Le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) a également été visé : le véhicule d’une surveillante a été incendié et des traces d’hydrocarbures ont été retrouvées sur trois autres véhicules, selon une source policière interrogée par l’AFP.
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« On attend une action coordonnée par les ministres de la justice et de l’intérieur », a déclaré à l’AFP Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UFAP-UNSA-Justice, soulignant que l’administration pénitentiaire n’avait « pas les forces humaines pour assurer la sécurisation aux abords des établissements vingt-quatre heures sur vingt-quatre ».