Rien n’a filtré du pot de départ organisé jeudi 18 juillet dans les locaux de la préfecture du Tarn à Albi. Un départ moins festif ou solennel qu’à l’habitude, et surtout très prématuré. Pour cause, neuf mois après son arrivée dans le département, le désormais ex-préfet Michel Vilbois a été contraint de faire ses valises dans une ambiance délétère. La mesure avait été officialisée lors du conseil des ministres, deux jours plus tôt, sur décision du premier ministre, Gabriel Attal, et du chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Un préfet « démis de ses fonctions », la mesure est assez rare dans la préfectorale mais, à Albi, après un audit mené au mois de juin par l’inspection générale de l’administration, la sanction est rapidement tombée.
« Cassant », « autoritaire », voire « grossier », plusieurs fonctionnaires s’étaient plaints d’un « management brutal » de la part de cet énarque de 56 ans, originaire de Moselle. La mesure prend effet le 22 juillet et c’est Sébastien Simoes, le secrétaire général de la préfecture et sous-préfet d’Albi qui prend le relais, en attendant une nouvelle nomination. Cette décision intervient dans un contexte politique national agité et, localement, dans celui du dossier du chantier très contesté de l’autoroute A69, entre Castres et Toulouse.
Arrivé le 9 octobre 2023, en provenance de Haute-Saône où il exerçait les mêmes fonctions, Michel Vilbois s’était lui-même surnommé « M. Autoroute ». « J’ai reçu pour mandat de construire l’A69. Le préfet a un rôle de facilitateur. Les élus connaissent leur territoire. Je suis là pour les appuyer dans leurs projets », déclarait-il au quotidien régional La Dépêche du Midi lors de sa prise de fonctions.
« Climat de rumeurs »
Sur place, cet amateur de football aura eu à gérer les nombreuses contestations entourant le chantier de 53 kilomètres, déclaré d’utilité publique en 2018, devant relier le Tarn et la Haute-Garonne. Opposants perchés dans des arbres, week-end de mobilisations, matériel de chantier détruit, importantes présences des forces de l’ordre pendant des mois, la contestation avait grossi depuis les premiers travaux du printemps 2023.
Mais ce n’est pas sa gestion de ce conflit qui aurait précipité sa mutation. Peu après son arrivée, un premier incident, assez inhabituel, avait affecté l’ambiance dans les services. Sa chienne Rilka, âgée de 3 ans et demi, avait mordu un agent à la main, nécessitant une interruption de travail. Sans que Michel Vilbois ne donne suite à cet « incident ». Par la suite, plusieurs témoignages, recueillis par l’inspection générale de l’administration, dénonçaient un « climat de rumeurs, de tensions et de malaise ».
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