« Chaque fois que je vais quelque part, c’est une fête », assurait le président argentin, Javier Milei, fraîchement rentré d’Espagne, mardi 21 mai, au micro de la chaîne LN+. La dernière « fête » en date, un déplacement à Madrid du 17 au 19 mai, a tourné court et conduit à une crise diplomatique sans précédent.
Lors de son intervention à l’occasion de la convention Europa Viva 24 du parti d’extrême droite espagnol Vox, dont il était l’invité d’honneur, Javier Milei a attaqué, sans toutefois la nommer, l’épouse du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, Begoña Gomez. Il l’a taxée de « corrompue », alors qu’elle fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « trafic d’influence » et « corruption ». Une accusation applaudie par son auditoire, mais qui faisait suite à plusieurs semaines d’échanges virulents entre les gouvernements espagnol et argentin.
Des « excuses publiques » ont été exigées par Madrid, qui a rappelé son ambassadrice « définitivement ». « L’Argentine n’aura plus d’ambassadeur », a déclaré le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, le 21 mai. Une première depuis la reconnaissance de l’Argentine par l’ancienne puissance coloniale (1859), et une décision qualifiée d’« absurde » prise par « un socialiste arrogant », d’après Javier Milei, qui a assuré qu’il ne présenterait des excuses « sous aucun prétexte ».
« Pour la galerie »
Au-delà de la crise diplomatique avec le premier investisseur européen en Argentine, l’épisode espagnol confirme le ton particulier des voyages du président argentin depuis son arrivée au pouvoir, le 10 décembre 2023, et une diplomatie « pour la galerie », où il « surjoue le droitisme », estime Andrés Malamud, politologue spécialiste des relations internationales.
A Madrid, outre une rencontre avec des entrepreneurs espagnols, l’agenda de Javier Milei était centré sur la convention de ses alliés politiques d’extrême droite. Trois députés de l’opposition argentine ont d’ailleurs déposé un recours en justice le 25 mai, dénonçant l’usage de l’avion présidentiel pour se rendre à la convention de Vox. Un document émanant de l’ambassade argentine en Espagne, divulgué par le quotidien espagnol El Pais, informait en effet les autorités espagnoles de la venue du président argentin dans le cadre d’une « visite privée ».
Auparavant, Javier Milei s’était rendu au Forum économique de Davos (Suisse), où il avait prononcé son premier discours à l’étranger en tant que chef d’Etat, le 15 janvier. Discours qui ressemble finalement à ceux de sa campagne. Le ton agressif, les attaques au « socialisme » et au « féminisme » semblent constituer sa marque de fabrique, qu’il soit candidat ou président. Il a enchaîné ensuite avec des déplacements en Israël, pays recevant le « soutien inconditionnel » de Javier Milei, qui étudie la Torah et envisage de se convertir au judaïsme, puis au Vatican et en Italie.
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