A quelques jours de l’arrivée de ses locataires, Romain (son prénom a été changé), qui vit à Pantin (Seine-Saint-Denis) avec sa compagne et leurs deux enfants, le reconnaît : il n’est pas « totalement serein ». « Cela fait un peu peur d’avoir des inconnus chez soi, on se dit : est-ce qu’ils ne vont pas tout saccager ? » Sans les Jeux olympiques et paralympiques (JOP), cet avocat de 36 ans n’aurait jamais franchi le pas. Mais la promesse était trop belle. Alors, en septembre 2023, il a mis son appartement sur la plate-forme de location Airbnb.
« A la Toussaint, on a loué à une famille bretonne, pour se faire la main et avoir au moins un commentaire. » Quelques semaines plus tard, quatre Canadiens réservent pour deux semaines pendant les Jeux : 400 euros par nuit, pour ce trois-pièces avec vue sur le canal. Avec ce petit pactole, Romain et sa famille ont loué cet été une maison sur la côte Atlantique – sur Airbnb – à un tarif « au-delà de [leur] budget vacances habituel ».
Depuis quelques mois, Paris bruisse d’histoires comme celle-là. Jamais Airbnb n’a compté autant d’annonces dans la capitale. En un an, à Paris, le nombre d’appartements a bondi de 85 %, selon une étude de l’Institut Paris Région (IPR) parue jeudi 18 juillet. En proche banlieue, la progression a été encore plus forte, avec un volume d’annonces qui a doublé en l’espace de douze mois. « Il y a eu un effet boule de neige, avec des prix à la nuit incroyables relayés par les médias et les réseaux sociaux. Cela a convaincu des tas de gens de se lancer », observe Emmanuel Trouillard, chercheur qui a coordonné l’étude pour l’IPR.
« On s’est dit : nos vacances sont payées ! »
L’Ile-de-France compte ainsi 134 000 annonces actives sur Airbnb, contre 58 000 au mois de février 2023. Et les clients sont au rendez-vous : malgré la cherté des offres, le nombre de nuits réservées pendant les Jeux est, à ce jour, plus de deux fois plus élevé que celui de 2023 à la même époque (+ 133 %), selon le cabinet AirDNA, mercredi 17 juillet. Pour Airbnb, qui se rémunère grâce à un pourcentage sur le prix des locations, les JOP à Paris sont un vrai jackpot.
Les Franciliens, qui ont fait les meilleures affaires, s’y sont pris tôt, avant l’explosion du nombre d’annonces. C’est le cas de la famille Grenade, qui vit dans une résidence des années 1950, proche du parc André-Citroën (15e arrondissement de Paris). Trois chambres, un balcon, un appartement très classique. « On a ouvert notre calendrier en mai 2023, en tentant un prix très élevé, à savoir 800 euros la nuit. » C’est trois fois plus que ce qu’ils proposaient d’habitude. En deux jours, l’appartement est réservé par deux familles d’Américains, qui se succèdent pour douze nuits au total. Le tout, avec une option qui implique que le séjour n’est pas remboursable en cas d’annulation. « On s’est dit : nos vacances sont payées ! », résume au téléphone Thierry Grenade, qui, en ce moment, visite l’Argentine avec sa femme et ses filles de 8 et 14 ans.
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