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Le Venezuela perd son dernier glacier, préfiguration de l’avenir pour les neiges éternelles des tropiques

by Marko Florentino
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Vue du glacier La Corona, situé dans la cordillère de Mérida (Venezuela), en décembre 2020.

Selon la légende amérindienne, cinq aigles blancs battaient des ailes pour recouvrir de neige les crêtes les plus abruptes de la cordillère de Mérida, au Venezuela. Ces rapaces ont désormais disparu, ou presque. Le pays d’Amérique latine est le premier le long des Andes à perdre la totalité de ses glaciers, qui s’étendaient sur une superficie de près de 1 000 hectares il y a plus d’un siècle. Une sombre préfiguration de l’avenir, qui verra les neiges éternelles disparaître dans la grande majorité des tropiques sous l’effet du dérèglement climatique.

Le dernier glacier du Venezuela, La Corona, situé à 4 940 mètres d’altitude, est désormais réduit à une maigre étendue de glace, si petite que les scientifiques du pays le considèrent déjà comme mort. « Il a perdu tant de masse qu’il ne peut plus se déplacer sous son propre poids. Il est au stade terminal », assure Julio César Centeno, professeur à l’université des Andes de Mérida.

Ce survivant n’accumule plus assez de neige en amont pour compenser la fonte en aval, de sorte qu’il se réduit petit à petit jusqu’à disparaître. Ne subsistent que 2 hectares de glace – un peu moins de trois terrains de football –, bien loin des 450 hectares d’antan, quand le géant coiffait le pic Humboldt et le pic Bonpland. « Il va disparaître dans les cinq ans qui viennent tout au plus », prévient l’expert. Avant lui, La Concha et Bolivar s’étaient respectivement éteints en 1990 et en 2017.

Sommets relativement bas

La tragédie de ce glacier, comme de tous ceux situés aux tropiques, s’écrit dans son manque d’altitude. « 4 900 mètres, ça paraît beaucoup, mais, pour les tropiques, c’est bas. Seuls ceux qui culminent à plus de 6 000 mètres ont une chance de s’en sortir d’ici à la fin du siècle », explique Antoine Rabatel, glaciologue à l’université Grenobles-Alpes. Le réchauffement climatique fait en effet remonter en altitude l’isotherme zéro degré, c’est-à-dire la limite au-dessous de laquelle les températures sont positives. Sous cette frontière, les glaciers ne peuvent survivre. Dans les tropiques, elle se situe actuellement entre 4 850 et 5 000 mètres d’altitude et varie peu au cours de l’année.

En raison de ces sommets relativement bas, les masses glaciaires vénézuéliennes ont toujours été réduites, comptant pour moins de 1 % des glaciers tropicaux. Leur disparition n’en demeure pas moins une « importante perte culturelle et patrimoniale » pour les habitants de la région de Mérida, surnommée la « ville des neiges éternelles », s’émeut Julio César Centeno.

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