Alors que les départements d’Ille-et-Vilaine, du Morbihan et de la Loire-Atlantique restent en vigilance rouge pour un risque de crues, la ville de Redon se prépare, jeudi 30 janvier, à un pic historique de la Vilaine dans les prochains jours, toutefois moindre que redouté.
« Nous sommes à la porte du pic », a commenté le préfet d’Ille-et-Vilaine, Amaury de Saint-Quentin, en visite dans cette ville habituée des inondations, jeudi après-midi. « Nous étions ce matin à 5,11 mètres, avec une relative différence par rapport à ce qui était prévu, en l’occurrence 5,65 mètres. Donc on voit que les choses se tassent, se stabilisent », a également souligné le préfet. A 17 heures, l’eau était à 5,10 mètres.
« On est sur ce qu’on appelle un plateau, c’est-à-dire qu’en vingt-quatre heures l’eau n’a pratiquement pas monté », a complété Jean-François Mary, président de l’agglomération de Redon. « On est quand même sur une crue comparable à celle de 1995-2001, ça se jouera à quelques centimètres », a-t-il poursuivi, soit 5,35-5,36 mètres.
Très vulnérables car entourés de rivières, de marais et d’un canal, plusieurs quartiers de Redon, en Ille-et-Vilaine, et de Saint-Nicolas-de-Redon, en Loire-Atlantique, ont les pieds dans l’eau depuis mercredi. La mairie de Redon estimait à 750 (sur près de 10 000) le nombre d’habitants « susceptibles d’être impactés ». Aucune nouvelle évacuation n’a été nécessaire durant la nuit ; 27 sinistrés étaient accueillis jeudi dans un gymnase. « Nous sommes maintenant dans la vigilance », a dit le maire de Redon, Pascal Duchêne. En Ille-et-Vilaine, 1 106 personnes ont été évacuées depuis dimanche, selon la préfecture.
Le pic est « toujours attendu pour la fin de la semaine »
Le pic de la crue de la Vilaine, encore alimenté par les pluies qui se sont abattues mercredi sur la Bretagne, n’est pas encore défini avec certitude. Ce sera « peut-être jeudi ou vendredi, voire samedi. A mon avis, avec les précipitations sur le bassin de l’Oust, je pense que le pic peut être vendredi », a déclaré mercredi soir à l’Agence France-Presse (AFP) Jean-François Mary, président de l’agglomération de Redon et président de l’établissement public territorial de bassin Eaux & Vilaine. Selon l’établissement, ce sont 15 mm et 25 mm de pluie supplémentaire qui sont tombés sur le bassin de la Vilaine mercredi.
L’impact est resté modéré en amont, notamment à Rennes, où certains secteurs ont été inondés le week-end dernier, mais sur la Vilaine aval « nous sommes toujours en configuration d’évacuation maximale » et le pic est « toujours attendu pour la fin de la semaine » sur cette portion, explique Eaux & Vilaine dans son dernier point de situation.
Selon le maire de Redon, « la ville est presque isolée », alors que la circulation des trains entre Rennes et Nantes, qui passe par Redon, est totalement interrompue au moins jusqu’à lundi, et Redon n’est plus accessible que par un seul grand axe de circulation routière, venant de Rennes. Depuis mercredi, « l’accès au centre-ville de Redon est limité par filtrage mis en place par la gendarmerie. Il reste ouvert aux riverains, aux professionnels, aux services de secours et aux forces de l’ordre ainsi qu’au personnel des services publics », a fait savoir la ville.
L’état de catastrophe naturelle « déclaré dans les prochains jours »
Dans un message posté sur X jeudi matin, le président de la République, Emmanuel Macron, a affiché sa « solidarité avec les habitants de l’Ouest qui font face à des inondations ». « Pensées pour les maires. Je sais leur mobilisation et leur situation. Merci à eux du travail engagé avec leurs équipes et les services de l’Etat dont je salue l’engagement », a-t-il ajouté. « L’état de catastrophe naturelle sera déclaré dans les prochains jours », a affirmé sur Franceinfo la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Le site Vigicrues prévoit « des niveaux très élevés jusqu’en fin de semaine », avec des niveaux « probablement supérieurs au seuil historique de la crue de janvier 1995 sur la Vilaine à Redon et celle de décembre 1999 sur l’Oust à Redon ». Les pluies de mercredi ont saturé encore plus de cours d’eau que les tempêtes Eowyn et Herminia avaient déjà fait déborder ce week-end.
A Rennes, où « les précipitations de mercredi font craindre une nouvelle montée des eaux », la ville a organisé des distributions de parpaings « à l’intention des riverains qui pourraient être les plus exposés à la montée des eaux, pour surélever (…) des biens », selon un communiqué.
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Par ailleurs, la Seine-Maritime, l’Oise et l’Eure ont rejoint jeudi les départements de la Somme et de la Sarthe, placés en vigilance orange pour risque de crues par Météo-France. Cette vigilance a, en revanche, été levée dans le Calvados, en Maine-et-Loire, dans la Mayenne et dans l’Orne. Les Alpes-Maritimes et le Var sont en vigilance orange pour pluie-inondations.
