L’éboulement du glacier du Birch, mercredi 28 mai, a détruit en grande partie le village de Blatten, commune suisse du canton du Valais située dans la vallée du Lötschental, et fait un disparu. « Nous avons perdu le village aujourd’hui mais pas notre cœur », a déclaré, lors d’un point presse, le maire de Blatten, qui comptait 300 habitants avant son évacuation complète la semaine précédente.
L’effondrement du glacier était attendu depuis plusieurs jours, de nombreux éboulements de roche s’étant déjà produits dans la partie montagneuse qui le surplombe. De nombreuses habitations de ce village ont été détruites par l’amas de glace et de rochers. Une personne est portée disparue – un habitant de la région, âgé de 64 ans, qui, selon les informations de la police cantonale du Valais, se trouvait dans la zone concernée au moment de l’événement.
Les conditions très instables de la montagne et le risque de nouveaux éboulements et coulées de boue empêchent les autorités d’intervenir sur le site, et les ont obligées à suspendre les recherches qui avaient été lancées pour le disparu, a précisé la police du canton du Valais dans un communiqué.
Les millions de tonnes de glace et de roche qui ont détruit le village ont donné naissance à un lac artificiel, qui ne cesse de gonfler et qui risque d’inonder une partie de la vallée en contrebas, selon les autorités locales. Jeudi soir, les autorités ont cependant écarté le scénario d’une rupture brutale du barrage naturel de gravats.
« Nous avons eu des informations de la part des géologues, des spécialistes qui tendent à nous dire qu’un tel événement aurait peu de chances de se produire », a expliqué, lors d’un point de presse, Stéphane Ganzer, le chef du département de la sécurité du canton du Valais. Le barrage artificiel de Ferden – une commune en contrebas – préventivement vidé, « nous permettrait d’avoir une zone tampon qui empêcherait qu’on ait une déferlante sur la plaine », a ajouté M. Ganzer.
« Il semble peu probable que le lac fasse se casser soudainement, brutalement cette énorme masse de détritus qui résulte de l’éboulement d’hier [mercredi]. C’est peu probable, mais on n’aime pas tellement ce mot peu probable ici depuis hier, parce qu’on sait que peu probable peut devenir probable », a insisté le responsable. De ce fait, des plans d’évacuation sont à l’étude, et les communes et les populations ont été informées de se tenir prêtes à toute éventualité, a détaillé M. Ganzer.
Deux scénarios semblent désormais les plus probables en raison de la configuration et de la composition des gravats, a expliqué Christian Studer, du service cantonal des dangers naturels. Le premier cas de figure verrait une « érosion progressive » de ces gravats par l’eau du lac tandis que le second « plutôt réaliste » envisage que « les gravats se fluidifient peu à peu et s’écoulent ». Mais M. Ganzer a insisté sur la sécurité avant tout : « Nous avons une personne disparue, nous ne voulons pas avoir davantage de personnes disparues ou décédées sur cette terrible catastrophe. »
Effondrement massif
Vers 15 h 30 mercredi, l’effondrement massif qui s’est produit au niveau du glacier du Birch a dévalé la pente en direction la commune – qui comprend les hameaux d’Eisten, de Ried et de Weissenried, situés à environ 1 500 mètres d’altitude –, selon les autorités chargées des situations d’urgence dans cette partie du canton du Valais.

Une cellule de soutien, notamment psychologique, a été mise en place pour venir en aide aux habitants après qu’ils ont pu se rendre compte de l’ampleur des destructions. Des images diffusées sur YouTube montrent un immense nuage de glace et de gravats dévalant la montagne qui surplombe la vallée où coule la rivière Lonza et où se trouve Blatten. La puissance et la vitesse du nuage sont telles qu’il poursuit sa course sur la pente opposée de la vallée.
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Selon Raphaël Mayoraz, responsable cantonal chargé de la gestion des dangers naturels, ce sont « 3 millions de mètres cubes de roches qui sont tombés d’un coup sur le glacier, l’emportant avec eux » dans la vallée. « C’est très, très rare. Nous ne connaissons pas d’exemple dans l’histoire. Maintenant, tout est tombé », a-t-il souligné. « C’est un événement extraordinaire », a renchéri, Albert Rösti, conseiller fédéral chargé de l’environnement.
Ce qui restait du village et avait été épargné par la coulée est en train d’être noyé sous les eaux de la Lonza qui continuent de s’accumuler. Si au début, le niveau de l’eau montait jusqu’à 3 mètres à l’heure, cette progression s’est nettement ralentie au fur et à mesure que le lac artificiel a gagné en surface et elle est aux alentours de 80 cm par heure, selon M. Ganzer. Cependant, du fait d’une météo ensoleillée et de températures déjà presque estivales, « beaucoup de neige » va fondre, et « on est encore à des niveaux d’eau qui sont colossaux », a insisté le responsable.