Les manipulations les plus grossières suffisent parfois à faire réagir. Dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 mai, le compte X de l’Elysée a publié un message pour expliquer qu’Emmanuel Macron n’avait pas été filmé à côté d’un embarrassant sachet de cocaïne, comme l’ont affirmé pendant le week-end de nombreux comptes conspirationnistes.
« Cette fausse information est propagée par les ennemis de la France, à l’étranger comme chez nous. Nous devons rester vigilants face à la manipulation », a dénoncé l’Elysée dans son tweet en anglais, tout en zoomant sur le supposé sachet de cocaïne. « C’est un mouchoir, pour se moucher le nez », précise le message. D’ordinaire, l’exécutif évite pourtant de répondre aux rumeurs particulièrement grotesques.
Une rumeur reprise et amplifiée par Alex Jones
Depuis le 11 mai, et la publication de vidéos de la rencontre entre Emmanuel Macron, le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, et le premier ministre britannique, Keir Starmer, dans un train à destination de Kiev, de nombreux comptes prorusses ont accusé le président français d’avoir voulu dissimuler un sachet de drogue à l’arrivée des photographes, en s’appuyant sur des extraits vidéo en basse résolution.
« Une soirée cocaïne entre copains ? », a ainsi interrogé un compte conspirationniste baptisé « Véritiste ». « A quand un dépistage de stupéfiants pour tous les politicards ? », s’est insurgé un internaute. D’autres ont présenté le stylo de Friedrich Merz tantôt comme une paille tantôt comme une « cuillère à coke ». L’allégation a été reprise par le « pape » américain du complotisme, l’entrepreneur Alex Jones, condamné en 2022 pour avoir qualifié une tuerie dans une école scolaire de « canular ». « Les trois [dirigeants] ont l’air défoncés », a-t-il jugé.
Très partagées sur X, réseau social devenu un repaire de la désinformation depuis son rachat par Elon Musk, à la fin de 2022, ces affirmations avaient pourtant été rapidement démenties par de nombreux observateurs, journalistes de vérification comme simples internautes vigilants. Ainsi que l’a rapidement relevé CheckNews, et comme l’attestent les photos et reportages vidéo en haute définition, le prétendu « sachet » suspect n’est, en effet, qu’un simple mouchoir en papier.
Des attaques récurrentes depuis 2017
Ce n’est pas la première fois que les cercles conspirationnistes prorusses tentent de faire passer Emmanuel Macron pour un cocaïnomane. Déjà, en 2017, lors de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, alors que les e-mails de son équipe de campagne avaient été piratés, des comptes d’extrême droite avaient tenté de faire croire que ceux-ci contenaient une preuve de commande de cocaïne pour le candidat d’En marche !.
Depuis, de nombreux contenus à charge cherchent à le présenter coûte que coûte comme un consommateur régulier de drogue, par exemple à travers des montages des moments où M. Macron se touche le nez en public, rappelait Marianne, en 2023.
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En janvier 2023, Emmanuel Pellerin, alors député Renaissance des Hauts-de-Seine, s’est mis en retrait du parti après avoir reconnu avoir consommé de la cocaïne, dans la foulée d’une enquête de Mediapart. Une situation qui aurait plongé Emmanuel Macron « dans l’embarras », titrait aussitôt Europe 1, l’un des médias appartenant à Vincent Bolloré. Pourtant, le nom du président n’est jamais cité dans cette affaire.
Depuis son élection à la présidence, le couple Macron fait l’objet de nombreuses attaques à caractère diffamatoire. Outre la consommation de drogues, le chef de l’Etat est présenté par les sphères conspirationnistes comme homosexuel, et son épouse, Brigitte Macron, comme étant née homme, sous le nom de Jean-Michel Trogneux.
