De Hongkong aux Etats-Unis, en passant par l’Union européenne (UE), les épices indiennes sont dans le viseur des autorités sanitaires. L’alerte avait été lancée, le 5 avril, par le département de sécurité alimentaire de Hongkong, le Center for Food Safety. Ce dernier a signalé la présence d’un agent cancérogène, l’oxyde d’éthylène, dans quatre mélanges d’épices en provenance d’Inde. Trois produits de la marque Mahashian Di Hatti (MDH) et un autre de la marque Everest ont immédiatement été retirés de la vente.
En Inde, leurs petits paquets rectangulaires sont emblématiques. Ils remplissent les rayons des épiceries et les étagères des cuisines, où ils sont utilisés quotidiennement et en grande quantité. Everest détient ainsi 16 % des parts de marché domestique, ce qui en fait la première marque du pays, suivie par MDH, avec 10 %. Ces deux fabricants sont aussi des acteurs sur le marché de l’export.
Le sous-continent, souvent décrit comme le « pays des épices », est le plus grand producteur, consommateur et exportateur au monde. L’Inde en vend plus de 200 variétés à travers la planète, pour quelque 4 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) par an. Le marché intérieur représente à lui seul 10 milliards de dollars.
La décision de Hongkong a semé le doute sur la qualité des condiments indiens. Les unes après les autres, les autorités sanitaires de différents pays ont tiré la sonnette d’alarme. Singapour a rappelé le même mélange de curry pour poisson de la marque Everest le 18 avril. Là aussi, le produit contenait de l’oxyde d’éthylène. La Nouvelle-Zélande, l’Australie, les Etats-Unis ou encore le Bangladesh ont fait savoir qu’ils se penchaient sur les problèmes liés à ces deux marques. Les autorités britanniques ont quant à elles décidé d’élever le niveau des contrôles sur toutes les importations d’épices en provenance d’Inde.
Treize échantillons « dangereux »
Côté indien, des mesures ont été prises par le Spices Board of India, instance rattachée au ministère du commerce. Dans une circulaire datée du 7 mai, cet organisme chargé de l’exportation des épices invite les marques à ne plus recourir à l’oxyde d’éthylène comme agent de fumigation et à opter pour des méthodes de stérilisation autres. Ce gaz incolore peut être utilisé pour la conservation des denrées alimentaires, notamment pour les protéger des parasites. Les exportateurs d’épices sont désormais encouragés à tester les matières premières, les matériaux d’emballage et le produit final.
L’autorité de sécurité alimentaire indienne (Food Safety and Standards Authority of India, FSSAI) a demandé à tous les Etats du pays de conduire des tests sur les épices de différentes marques. Le site d’information en ligne Scroll a déposé, en vertu de la loi sur le droit à l’information, une demande auprès de la FSSAI pour obtenir les résultats de ces analyses. Si elle n’a pas fourni de données au niveau national, l’autorité a déclaré que « treize échantillons d’épices collectés dans neuf Etats » s’étaient révélés « dangereux pour la consommation humaine ». Des résultats partiels, car sur les 251 échantillons collectés, 104 n’ont pas encore été testés.
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