LETTRE DE BRUXELLES

Jamais Bruxelles n’aura autant débattu de défense et du financement de sa base industrielle et technologique. Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et trois mois après le retour au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, l’Europe doit de nouveau s’inquiéter de sa défense. Pour l’instant, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dont le siège est à Bruxelles, est bien responsable de la défense collective du continent, mais le président américain n’a pas fait mystère de ses intentions.
Si les Européens veulent toujours compter sur le parapluie nucléaire américain, ils vont devoir payer pour leur propre défense conventionnelle et augmenter significativement leur budget. Comme Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, l’a rappelé le 3 avril, les pays européens devront consacrer 5 % de leur produit intérieur brut à leurs dépenses militaires, contre 2 % en moyenne actuellement. Un saut financier exceptionnel en pleine guerre commerciale et alors qu’une tempête boursière secoue la planète.
A Bruxelles, la Commission a dévoilé, dès le 4 mars, ses premières idées : un méga-plan intitulé « ReArm Europe », qui doit permettre aux Vingt-Sept de dépenser quelque 800 milliards d’euros supplémentaires pour leurs armées jusqu’en 2030. Elle les autorisera notamment à déroger aux règles budgétaires strictes du pacte de stabilité et de croissance – les critères de Maastricht qui obligent les Etats à respecter un maximum de 3 % de déficit et 60 % de dette. Elle leur propose également de créer un fonds, le Security Action for Europe (SAFE), en vue de lever quelque 150 milliards d’euros sur les marchés, qui leur seront ensuite prêtés à des taux préférentiels.
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