« Manger cinq fruits et légumes par jour », « éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé » : ces recommandations nutritionnelles, formulées par le Programme national nutrition santé (PNNS), sont bien ancrées dans les esprits. L’invitation à « diviser par deux sa consommation de viande » pourrait-elle prochainement s’y ajouter ?
C’est la proposition lancée par la Société française de nutrition (SFN), une société savante regroupant des experts en nutrition du secteur public et privé, et le Réseau Action Climat (RAC), dans un document publié mardi 20 février par les deux associations. Elles s’appuient notamment sur des modélisations permettant de visualiser les changements que les Français pourraient opérer dans leurs habitudes alimentaires pour réduire leur consommation de viande, tout en satisfaisant leurs besoins nutritionnels.
« Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter de penser en matière de santé humaine seulement, observe l’experte en nutrition et santé publique Nicole Darmon, membre de la SFN, qui a aidé à réaliser ces modélisations. On inclut aussi celle de la planète », ajoute celle qui est également directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).
Cet appel intervient dans un contexte où le PNNS s’apprête à mettre à jour ses recommandations, qui sont actualisées tous les cinq ans, et alors que l’enjeu de la consommation de viande reste hautement polémique. Actuellement, le programme préconise de consommer au maximum 500 grammes de viande rouge (bœuf, porc, agneau) et 150 grammes de charcuterie par semaine, tout en privilégiant la volaille – sans qu’une limite soit fixée pour celle-ci.
Ces recommandations se basent sur des études démontrant l’impact de la viande rouge et de la charcuterie sur la santé : ces aliments augmentent en effet le risque de développer une maladie cardiovasculaire, un cancer colorectal ou encore un diabète de type 2. Mais elles ne tiennent pas compte des nombreuses publications qui s’accumulent ces dernières années au sujet de leurs conséquences sur la planète. « La viande, et en particulier la viande de ruminant (bœuf), est l’aliment ayant le plus d’effet sur l’environnement », résume le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dans son rapport de 2019.
De 700 grammes à 450 grammes par semaine
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont évalué les habitudes de consommation réelles des Français en se basant sur une enquête réalisée auprès de plus de 3 000 adultes. Ils ont effectué plusieurs modélisations et constaté que, pour que la France puisse respecter ses engagements environnementaux, il faudrait faire des efforts au niveau de l’alimentation – qui représente aujourd’hui 22 % de son empreinte carbone.
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