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« Les maires disent souffrir d’un manque de reconnaissance de la part de l’Etat »

by Marko Florentino
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Au Congrès des maires, à Paris, le 19 novembre 2024.

Martial Foucault, enseignant à Sciences Po Paris, a mené avec ses étudiants une enquête sur les démissions de maires de 2020 à 2023. Il en ressort notamment que ces élus démissionnaires peinent à concilier leur mandat avec leur vie professionnelle et personnelle.

Percevez-vous une crise des vocations chez les maires ?

Cela n’est pas toujours confirmé par les faits. Aucun autre pays au monde n’est capable de rassembler 900 000 candidats aux municipales pour 47 millions d’électeurs. C’est ce qui s’est encore produit lors du dernier scrutin, en 2020. Par ailleurs, très peu de communes se sont alors trouvées dépourvues de toute liste.

En revanche, je perçois deux phénomènes inquiétants. D’une part, il n’y a que 3 % de maires de moins de 40 ans, ce qui renvoie à la difficulté de concilier son mandat avec sa profession. D’autre part, l’engagement municipal peut-il être source de bonheur, d’épanouissement, si l’exercice de la fonction demeure aussi entravé par une organisation trop complexe ? La question est très française, car, dans les autres pays, il y a moins de communes, elles sont plus grandes et ont davantage de moyens.

A-t-on des données fiables sur les démissions de maires ?

Il est très difficile d’obtenir des données objectives. Ce qui est d’ailleurs étrange, car les départs sont enregistrés en préfecture. On pourrait donc imaginer que ce soit consolidé au ministère de l’intérieur. Mais, apparemment, ce n’est pas systématique selon les départements. Le répertoire national des élus est une base officielle, mais il ne faut pas lui accorder une confiance excessive, car les données peuvent être incomplètes. La même difficulté existe pour les associations départementales de maires : toutes ne suivent pas ce sujet.

Il existe une troisième voie : la presse quotidienne régionale, qui recense les démissions. Avec mes étudiants de Sciences Po Paris, nous avons conduit un travail de moine, entre août 2020 et octobre 2023, consistant à suivre scrupuleusement cette actualité, quitte à appeler les mairies pour avoir davantage d’éléments que ceux fournis par les articles.

Qu’avez-vous constaté ?

Le répertoire national des élus montre que les communes changent de maire lorsque celui-ci démissionne, qu’il est condamné, qu’il décède ou s’il renonce du fait du cumul des mandats. Ces trois dernières catégories ne représentent guère que 15 % du total.

La masse, ce sont les démissions. Elles peuvent être volontaires, par exemple dans le cas d’élus ayant pris l’engagement auprès de leurs colistiers de passer la main à mi-mandat. Elles peuvent être subies, notamment si elles sont provoquées par des tensions qui apparaissent au sein du conseil municipal. Certains conseillers municipaux démissionnent, et il arrive que les maires, perdant leur majorité, n’aient pas d’autre choix que de partir. L’élection de 2020, intervenue en pleine crise sanitaire, a débouché sur six mois pendant lesquels les équipes n’ont pas pu apprendre à travailler ensemble, in situ. Cela a eu des répercussions sur tout le mandat.

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