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les « Mille et une nuits » de Sorour Darabi, une interprétation queer de Shéhérazade

by Marko Florentino
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Choisir le récit à tiroirs phénoménal des Mille et Une Nuits pour échafauder son premier opéra est un défi. Le chorégraphe Sorour Darabi n’a pas froid aux yeux. Il revisite ce monument littéraire devenu intemporel en drapant Shéhérazade, la conteuse à la langue volubile, de drapeaux plus revendicatifs les uns que les autres. « Shéhérazade pour moi est une personnalité queer, affirme-t-il. Cette interprétation contemporaine peut être vue à travers plusieurs prismes : le défi aux normes traditionnelles dans la façon dont elle utilise l’intellect et la ruse pour subvertir le pouvoir du roi, la fluidité et la multiplicité des rôles qu’elle endosse à travers les histoires qu’elle raconte, la résistance au patriarcat… »

L’opéra « Mille et une nuits », de Sorour Darabi, joué dans le cadre festival Montpellier Danse, le 30 juin.

Personnalité de la scène chorégraphique, Sorour Darabi a grandi à Chiraz, en Iran. Il étudie d’abord les mathématiques puis bifurque à 17 ans vers la musique et plus précisément le violon. Un an plus tard, il se forme parallèlement à la danse contemporaine : il a travaillé avec l’association ICCD et créé ses premières œuvres à l’enseigne du festival Untimely (Téhéran). Dans un contexte difficile où « la danse et la chorégraphie sont des domaines interdits en Iran et relégués à l’underground », Sorour Darabi décide de passer l’audition pour la formation Exerce, au ­Centre chorégraphique national de ­Montpellier. Il l’intègre en 2013. Depuis, il est régulièrement soutenu par le festival Montpellier Danse, dirigé par Jean-Paul Montanari, qui a présenté toutes ses créations dont Mille et une nuits, en juin.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Danse : Sorour Darabi, fluide dans son geste et son genre

Politique et engagé, ce nouvel opus autour d’un chef-d’œuvre « qui met en avant une hétéronormalité qu’il tente de déconstruire » se révèle un projet particulièrement ambitieux dans la trajectoire de Sorour Darabi. Pour la première fois depuis ses débuts en France, en 2015, il s’attaque à une pièce de groupe avec huit performeurs. Homme transgenre, il s’est fait connaître à travers des solos dont Farci. e (2016), sur le trouble de soi et de son identité, ou Savusun (2018), qui s’immergeait dans une cérémonie magnétique inspirée des rituels de deuil du chiisme iranien.

C’est une performance présentée en 2022 au Palais de Tokyo, intitulée From the Throat to the Dawn, qui a ouvert la voie à Mille et une nuits. « Elle mettait au centre Shéhérazade et durait une partie de la nuit, de 20 heures à 2 heures du matin, raconte-t-il. On a oublié que Shéhérazade n’est pas seulement un instrument à raconter mais qu’elle a des désirs, un corps… Elle a un rapport d’affection et de guérison aussi avec le roi. Surtout, elle résiste à l’injustice en inventant de nouvelles histoires pour ne pas mourir à l’aube. »

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