Par un simple e-mail, le 4 janvier, le directeur de la prépa privée Architektôn annonce à quelques membres de son équipe que les cours ne reprendront pas. Injoignable depuis lors, volatilisé à Dubaï ou à New York selon les versions, M’hamed Hammi a laissé à ses collaborateurs la charge de prévenir les 65 élèves inscrits, qui ont déboursé chacun près de 7 000 euros pour suivre des cours de septembre à mai, censés leur ouvrir les portes des écoles nationales d’architecture.
« Nous n’avons rien compris, relate Marina (elle n’a pas souhaité révéler son identité, comme d’autres personnes interrogées citées par leur seul prénom), étudiante à Architektôn, dont les locaux sont situés en plein cœur de la capitale, dans le quartier du Marais. C’est vrai que nous n’avons jamais vu le directeur, on nous avait dit qu’il n’habitait pas à Paris, mais les cours avaient bien lieu. » Le 5 janvier, la jeune fille apprend aussi que, depuis la fin octobre 2023, la douzaine d’intervenants et chargés de cours n’ont pas été rémunérés.
Parmi eux, un retraité de l’éducation nationale, recruté par M’hamed Hammi sous le statut de microentrepreneur au printemps 2023. Jacques a vu sa mission de départ – gérer le logiciel Pronote afin de fournir aux élèves des bulletins conformes à ceux demandés sur Parcoursup – prendre de l’ampleur : il est propulsé directeur des études à la rentrée. Créé en 2014 sur une activité de stages durant les vacances scolaires et de cours le samedi, l’établissement a étoffé son offre en 2017, avec des cours en présentiel et à temps plein.
Très vite, Jacques sent que la gestion financière de la société est défaillante. « Le directeur m’a demandé de me débrouiller pour passer à distance les stages des vacances de Noël », témoigne-t-il. Vingt élèves s’étaient inscrits à un tarif de près de 900 euros la semaine. « J’ai dit non. Les professeurs n’étaient plus payés, sans aucune explication, je n’allais donc pas aller chercher d’autres intervenants alors que j’avais des doutes sérieux sur le fait qu’ils seraient payés derrière. » Jacques n’aura plus aucun contact par la suite, jusqu’au mail du 4 janvier annonçant l’arrêt de la prépa.
Commentaires élogieux
En à peine dix ans, M’hamed Hammi, 39 ans, a fondé plusieurs sociétés – au sein de deux groupes nommés « Prépa Enseigna » et « Peces » – liées au secteur des cours particuliers et de la préparation aux études supérieures. Outre Architektôn, il dirige Vet’Etudes – une prépa en ligne suivie par une vingtaine d’aspirants aux écoles vétérinaires, dont l’activité a, elle aussi, stoppé en janvier. Il y a encore Edulide, qui donne des cours particuliers, Caravelle Academy, qui vise à intégrer les plus prestigieuses universités mondiales, Almalia, pour obtenir un diplôme de comptabilité-gestion.
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