les recherches pour retrouver le membre d’équipage disparu sont interrompues

Un pétrolier et un cargo sont entrés en collision, lundi 10 mars, en mer du Nord, au large des côtes du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre. Les recherches pour retrouver le membre de l’équipage du cargo signalé disparu par la compagnie maritime allemande Ernst Russ, propriétaire du navire, ont pris fin, ont annoncé les gardes-côtes britanniques, tard lundi soir.

« Trente-six membres d’équipage ont été ramenés à terre sains et saufs, une personne a été hospitalisée. Un membre de l’équipage du Solong est toujours porté disparu. Après des recherches intensives, il n’a malheureusement pas été retrouvé et les recherches sont terminées », a dit Matthew Atkinson, commandant divisionnaire des gardes-côtes du Royaume-Uni.

Le directeur du port de Grimsby, Martyn Boyers, avait plus tôt lundi fait état d’au moins trente-deux blessés lors de l’incident.

Des images diffusées par les chaînes de télévision britanniques montrent d’impressionnants panaches de fumée et des flammes s’élevant du lieu de la collision. Les deux bateaux sont à peine perceptibles. Des pompiers ont été dépêchés sur place.

L’équipage du pétrolier, le Stena-Immaculate, qui bat pavillon américain et qui est exploité par l’entreprise Crowley, est en vie, a précisé, à l’Agence France-Presse (AFP), un porte-parole de son propriétaire, la société suédoise Stena Bulk, qui dispose d’une flotte de soixante bâtiments. Les marins ont quitté le navire après « de multiples explosions », dont un réservoir qui contenait du kérosène, a précisé Crowley.

« Un incendie s’est déclenché en raison de l’abordage et il y a des signalements selon lesquels des hydrocarbures s’échappent », a également fait savoir Crowley. Précisant avoir immédiatement déclenché le plan d’urgence, la société américaine dit « travailler activement avec les agences publiques pour contenir l’incendie et sécuriser le navire ».

Crowley, dont le siège se trouve à Jacksonville (Floride), a expliqué que le navire se trouvait au mouillage lorsqu’il a été percuté.

L’ONG de défense de l’environnement Greenpeace s’est montrée « extrêmement préoccupée » par les « multiples risques toxiques » engendrés par la collision. Selon le site spécialisé Lloyd’s List Intelligence, le cargo qui a percuté le pétrolier transportait une quantité non déterminée d’alcool et quinze conteneurs de cyanure de sodium, un gaz inflammable et très toxique en cas d’inhalation et d’ingestion.

Equipe d’investigation

Le Stena-Immaculate était « temporairement » affrété par l’armée américaine, plus précisément « par le Military Sealift Command », a déclaré Jillian Morris, porte-parole de ce service, qui dépend du ministère de la défense américain.

« L’incident a toujours lieu et une évaluation des mesures de lutte contre la pollution probablement nécessaires est en cours », selon les gardes-côtes britanniques. D’après cette source, l’alerte a été donnée peu avant 10 heures (11 heures, à Paris). « Un hélicoptère de sauvetage a été mobilisé, ainsi que des canots, un avion et des navires situés à proximité capables de lutter contre les incendies », ajoutent les gardes-côtes, dans un communiqué.

« Le pétrolier de 183 mètres de long était ancré au large de l’estuaire du Humber lorsqu’il a été heurté par le porte-conteneurs de 140 mètres de long », a rapporté Marine Traffic. Ce site, qui suit en temps réel le trafic maritime, a précisé que le cargo impliqué était le Solong. « Le Stena-Immaculate a été percuté par le porte-conteneurs Solong », a aussi affirmé Crowley dans un communiqué, précisant que la collision s’était produite vers 10 heures au large de la ville de Hull, sur la côte est du Royaume-Uni.

Le site spécialisé Vessel Finder précise que le Solong bat pavillon portugais et a quitté Grangemouth, en Ecosse, dimanche soir pour se rendre à Rotterdam, aux Pays-Bas. Le Stena-Immaculate, lui, est parti le 27 février d’Agioi Theodoroi, en Grèce, à destination de Killingholme, dans le nord de l’Angleterre, selon Vessel Finder.

D’après le site Internet de Stena Bulk, le pétrolier, construit en 2016, a été mis en service en 2017 et dispose d’une capacité de près de 47 000 m³. Il fait partie des trois pétroliers opérés par Crowley et appartenant à Stena – avec le Stena-Imperative et le Stena-Impeccable – sélectionnés par l’administration maritime américaine (Marad) dans le cadre d’un programme de sécurité d’approvisionnement. Ce programme vise à assurer que des navires commerciaux sont « prêts pour transporter des approvisionnements en carburants liquides en cas de besoin du ministère américain de la défense », notait Crowley, en mai 2023, dans un communiqué annonçant ce contrat.

« Mouvements de navires suspendus »

La Branche d’investigation des accidents maritimes a annoncé avoir envoyé une équipe sur place pour les premières constatations.

Un porte-parole du premier ministre britannique, Keir Starmer, a qualifié la situation « d’extrêmement inquiétante ». « Je suis préoccupée par la collision entre deux navires en mer du Nord, ce matin », a déclaré la ministre des transports britannique, Heidi Alexander, sur X.

De son côté, la société des ports britanniques associés a confirmé, à l’AFP, être « au courant d’un incident maritime » survenu « en dehors de [sa] juridiction ». « Nous aidons les gardes-côtes et les autres agences concernées à réagir. » « Tous les mouvements de navires sont actuellement suspendus dans [l’estuaire du] Humber en raison de l’incident », a-t-elle signalé.

Quant à l’Organisation maritime internationale, elle souligne qu’à ce stade, « l’accent est mis sur la lutte contre l’incendie et les opérations de recherche et de sauvetage ».

Plusieurs collisions ont été rapportées ces dix dernières années en mer du Nord. Il y a deux ans, deux cargos s’étaient percutés au large de l’archipel allemand de Heligoland. Trois personnes avaient été tuées et deux autres avaient disparu en mer. En 2015, le Flinterstar, un cargo transportant plus de 500 tonnes de produits pétroliers, avait coulé après une collision avec un tanker, à 8 kilomètres au large du littoral belge.