Le résultat des élections européennes, au soir du 9 juin, est sans appel : dans l’Hémicycle strasbourgeois, où ils feront leur rentrée le 16 juillet, les nouveaux eurodéputés seront plus nombreux sur les bancs de l’extrême droite. Presque partout sur le Vieux Continent, les formations nationalistes y ont gagné des sièges. Aujourd’hui, seules Malte et la Slovénie n’ont aucun représentant d’extrême droite dans l’hémicycle communautaire. Si tant est qu’on considère que le parti ultraconservateur de l’ancien premier ministre slovèneJanez Jansa, arrivé en tête dimanche et aujourd’hui affilié au Parti populaire européen (PPE) des droites européennes, ne soit pas d’extrême droite.
Mais, dans ce paysage où les droites radicales ont le vent en poupe, les pays fondateurs de l’Union européenne (UE) se distinguent avec une forte progression des partis nationalistes tandis qu’ils ont souvent fait moins bien que prévu ailleurs, notamment à l’Est.
En France, le Rassemblement national (RN) est le grand gagnant du scrutin, tout comme, en Italie, Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la présidente du conseil, Giorgia Meloni, et, en Belgique, le Vlaams Belang. En Allemagne et aux Pays-Bas, l’AfD et le PVV de Geert Wilders pointent à la deuxième position. Parmi les six signataires du traité de Rome, seul le Luxembourg échappe à cette percée. Mais, pour la première fois de son histoire, le grand-duché enverra à Strasbourg un eurodéputé nationaliste.
Bien sûr, « les raisons du succès de l’extrême droite varient d’un pays à l’autre », comme le relève le chercheur Thierry Chopin, de l’Institut Jacques Delors. Mais cette convergence des grands pays fondateurs de l’UE n’en est pas moins troublante. Ils « sont les rentiers de l’Europe, juge l’eurodéputée (Horizons) Nathalie Loiseau. Notre génération a hérité de l’Union européenne, elle pense que tout est acquis et qu’on peut jouer avec le feu. »
Une perte de sens
Pour les pays qui ont rejoint l’Union au fil des élargissements depuis sa création, la mémoire des nationalismes est plus proche. En Espagne et au Portugal, le souvenir des dictatures franquiste et salazariste est encore vif. En Grèce, on n’a pas non plus oublié le régime des colonels. En Europe centrale et orientale, le communisme a toujours un effet répulsif, même si l’extrême droite fait partie du paysage politique de pays comme la Hongrie et la Pologne.
Dans cette région, la guerre en Ukraine, si proche, a sans aucun doute ravivé ce sentiment. En Roumanie et en Pologne, le conflit a été au cœur de la campagne et a participé du succès des partis pro-européens. « Ces pays ont peur de la Russie et savent que l’UE fait partie de leur sécurité », juge Andrzej Sadecki, chef du département Europe centrale du centre d’études orientales de Varsovie.
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