L’ouragan Béryl, qui menace les Caraïbes, s’est renforcé et est passé en catégorie 5, soit le plus haut niveau d’alerte, a déclaré sur X mardi 2 juillet à 4 h 50, heure de Paris, le Centre national des ouragans (NHC) américain. « Potentiellement catastrophique », il pourrait souffler des vents supérieurs à 249 km/h – un phénomène rare qui peut faire s’effondrer des immeubles. Il « devrait encore être proche de l’intensité d’un ouragan majeur » avec des vents jusqu’à 260 km/h en poursuivant sa trajectoire jusqu’à la Jamaïque qu’il doit atteindre mercredi, a ajouté le NHC dans son bulletin.
Lundi, à 17 h 10, heure de Paris, il avait touché l’île de Carriacou, qui fait partie de la Grenade, dans les Antilles, avec des vents allant jusqu’à 240 km/h. Alors considéré comme « extrêmement dangereux », Béryl a charrié des « vents catastrophiques et des ondes de tempête qui peuvent être mortelles », avait alors alerté le NHC.
A 14 h 30 lundi, le NHC avait informé que « Béryl s’[était] renforcé en un ouragan extrêmement dangereux de catégorie 4 ». Il aurait fait au moins un mort dans les îles du Vent, les îles des Antilles situées entre Porto Rico et Trinité-et-Tobago. Un ouragan de catégorie 4 est considéré comme extrêmement dangereux car il s’accompagne de vents d’au moins 209 km/h. A 23 h, heure de Paris lundi, l’ouragan se situait à un peu plus de 200 kilomètres au nord-ouest de Grenade.
« En une demi-heure, Carriacou a été rasée », a déclaré dans une conférence de presse le premier ministre grenadien Dickon Mitchell lundi, ajoutant ne pas pouvoir annoncer « avec certitude que personne n’ait été blessé ou tué à cause de l’ouragan ». Il avait plus tôt exhorté les habitants à se mettre à l’abri et à respecter le couvre-feu décrété pour l’ensemble de l’île. Une réunion de la Communauté caribéenne, prévue cette semaine sur l’île, a été reportée. Des vidéos obtenues par l’Agence France-Presse de Saint-Georges, la capitale de la Grenade, montre des pluies torrentielles et des vents violents.

Le président américain Joe Biden et son équipe ont dit lundi « suivre de près l’évolution de l’ouragan Béryl » et travailler « pour assurer la sécurité de tous les citoyens américains dans la région ».
Avant de toucher la Grenade, des vents violents avaient traversé la Barbade, où les stations-service ont été prises d’assaut par les automobilistes faisant des réserves d’essence. Les supermarchés et petites épiceries étaient remplies de clients faisant des provisions d’eau, de nourriture et d’autres produits de première nécessité, tandis qu’un peu partout on voyait des habitants clouer des planches devant leurs fenêtres pour protéger les habitations.
Après le passage de Béryl, la Barbade semble « l’avoir échappé belle » a déclaré dans une vidéo le ministre des affaires interieures et de l’information Wilfred Abrahams.
Outre la Barbade, plusieurs pays sont placés en vigilance ouragan, comme Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Jamaïque et Grenade. L’île française de la Martinique est en état d’alerte à la tempête tropicale, tout comme le sud d’Haïti, la Dominique et l’île de Tobago, deuxième île et attraction touristique de l’archipel de Trinité-et-Tobago. « Cette île de Tobago est en état d’urgence » a déclaré le chef de l’exécutif de l’île, Farley Augustine, dimanche, précisant que « toutes les écoles publiques et privées étaient fermées [lundi] et le resteront jusqu’à nouvel ordre ». En République dominicaine, les autorités ont mis toute la côte sud en alerte, selon un communiqué du Centre des opérations d’urgence, déconseillant de se rendre sur les plages ou de traverser des cours d’eau.
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En Martinique, le vent s’est renforcé depuis dimanche après-midi, avec de grosses averses passagères, mais pas exceptionnelles, selon des correspondants de l’Agence France-Presse sur place. Quelque 10 000 clients ont été privés d’électricité en Martinique dans différentes communes, selon EDF, ajoutant que leurs équipes sont mobilisées pour leur trouver des solutions de réalimentation.
Une saison cyclonique extraordinaire
Un phénomène climatique de cette échelle est extrêmement rare si tôt dans la saison des ouragans, qui s’étend de début juin à fin novembre aux Etats-Unis. « Seuls cinq ouragans majeurs (de force 3 ou plus) ont été enregistrés dans l’Atlantique avant la première semaine de juillet. Si Béryl devient effectivement un ouragan majeur, ce sera le sixième, et le plus précoce de ceux jamais enregistrés aussi à l’est », a expliqué sur X l’expert en ouragans Michael Lowry.
Après avoir traversé les Caraïbes, Béryl pourrait atteindre l’Etat mexicain de Quintana Roo, où se trouvent les stations balnéaires de Cancun et Riviera Maya. « Nous sommes en alerte avec la protection civile, le secrétariat à la défense et à la marine (…) pour surveiller sa trajectoire », a déclaré le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador. « Pour le moment, [Béryl] ne présente pas de danger pour le territoire mexicain », a toutefois estimé le Service météorologique national.
Le NHC américain s’attend à ce que l’ouragan reste puissant à mesure qu’il se déplace à travers les Caraïbes, et il a mis en garde les habitants et les autorités locales de la Dominique, d’Haïti, de la Jamaïque, des îles Caïman et du reste du nord-ouest des Caraïbes.
L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a prévu fin mai une saison extraordinaire, prévoyant la possibilité de quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus. La saison cyclonique de 2024 est également annoncée par Météo-France comme une des « plus intenses » en la matière. Ces prévisions sont notamment liées au développement attendu prochainement du phénomène météorologique La Niña, ainsi qu’aux températures très élevées de l’océan Atlantique, a précisé la NOAA.
Le réchauffement climatique rend les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans, plus fréquents et plus dévastateurs.