La menace de destitution d’Emmanuel Macron agitée par La France insoumise (LFI) « est une possibilité crédible », a affirmé lundi 19 août le coordinateur du parti, Manuel Bompard, alors que cette initiative a été largement rejetée par le reste de la gauche. Interrogée au sujet de cette position des « insoumis » lundi soir sur BFM-TV, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon, Lucie Castets, a elle aussi balayé l’option, en déclarant : « Moi, mon sujet, ce n’est pas la destitution, c’est la cohabitation. »
Questionnée sur l’opportunité d’une telle procédure de destitution à l’encontre du chef de l’Etat, la haute fonctionnaire a jugé que « l’option institutionnelle la plus simple pour répondre à une nomination d’un gouvernement qui ne correspondrait pas aux résultats des élections, [serait plutôt] de censurer ce[dit] gouvernement ».
« Il y a aujourd’hui dans le pays une urgence sociale et démocratique », a-t-elle estimé, regrettant l’absence de nouveau gouvernement depuis les résultats des élections législatives du 7 juillet. Lucie Castets a ainsi appelé Emmanuel Macron à sortir de « l’immobilisme ». Selon elle, la gauche unie au sein du NFP pourrait exercer le pouvoir en « trouv[ant] texte par texte des coalitions si chacun accepte de dépasser les clivages politiciens ».
« Avertissement solennel » des « insoumis »
Malgré les dissensions, LFI maintient pourtant son ultimatum. Réclamant toujours la nomination à Matignon de Lucie Castets, M. Bompard a mis en garde lundi matin le chef de l’Etat sur RTL : « Si vous ne le faites pas (…) nous utiliserons les moyens constitutionnels à notre disposition pour vous renverser. »
En l’occurrence, il s’agirait de recourir à la procédure de destitution prévue à l’article 68 de la Constitution, qui doit être déposée par un dixième des députés puis votée par les deux tiers. Avec 72 membres au Palais-Bourbon, « nous avons un dixième des députés », a relevé l’élu des Bouches-du-Rhône, tandis que ceux « qui soutiennent le président de la République représentent moins d’un tiers des députés à l’Assemblée nationale ». « Donc oui, bien évidemment, c’est une possibilité crédible », a-t-il estimé, « mais c’est un avertissement », car « nous préférons [qu’Emmanuel Macron] nomme Lucie Castets à la tête du gouvernement ».
Un « avertissement solennel » même, face à la « dérive autocratique du chef de l’Etat », a renchéri sa collègue Aurélie Trouvé sur TF1, quand une autre « insoumise », Alma Dufour, a défendu sur LCI une « menace pesée » pour « mettre un coup de pied dans la fourmilière ». LFI assume donc cette tentative de pression avant la rencontre des chefs de file du NFP à l’Elysée vendredi en présence de Lucie Castets. Réunion à laquelle participera aussi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a pris ses distances dimanche avec cette idée en disant que la proposition de La France insoumise « n’engage que leur mouvement ».
Mais « il n’y a pas grand monde en dehors de LFI qui est venu apporter son soutien à cette démarche », a observé la patronne des écologistes, Marine Tondelier, sur Franceinfo. « Est-ce que c’était opportun ? Si c’était le cas je l’aurais dit depuis longtemps », a-t-elle ajouté, jugeant que « chacun a le droit de faire ce qu’il veut » au sein du NFP mais que « la polyphonie qui se dégage de ça ne doit pas se transformer en cacophonie ».