
Eric Le Disses n’est pas encore un cas d’école. Mais le maire de Marignane (Bouches-du-Rhône) pourrait rapidement devenir un exemple à suivre pour une droite décomplexée qui partage les idées du Rassemblement national (RN) et voit dans « une union forte et large » la meilleure manière de les porter à la présidence de la République en 2027. « On sent sur le terrain que le RN sera très haut lors des prochaines échéances électorales », prédit, ravi, celui qui dirige cette petite ville de 34 000 habitants au bord de l’étang de Berre, notamment connue pour abriter l’aéroport Marseille-Provence.
Ce vendredi 2 février, Eric Le Disses ne s’est pas rendu, pour une fois, à la traditionnelle bénédiction des navettes à la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, que sa municipalité a contribué à rénover et à aménager. Mais il ne manque pas l’aïoli organisé par la même association, Les Amis de Marignane et de la Provence. Un passage en coup de vent pour saluer des tablées de têtes blanches qui finissent leur repas, alors que deux animateurs enchaînent les tubes de Luis Mariano.
A 68 ans, l’élu, ancien du RPR et de l’UMP – les anciens noms du parti Les Républicains (LR) –, désormais sans étiquette, vit son troisième mandat à la tête de sa ville. En 2020, il a triomphé au premier tour avec plus de 70 % des voix. Depuis, cet admirateur de Napoléon joue sa propre partition à la droite de la droite.
« Droit dans ses valeurs »
Pour l’élection présidentielle de 2022, il parraine Eric Zemmour, le candidat du parti d’extrême droite Reconquête !, dont il dit avoir « apprécié le programme ». Aux élections législatives de 2022, il lâche le député LR sortant de la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, Eric Diard, dont il était pressenti pour être le suppléant, contribuant à sa défaite face au candidat et secrétaire départemental du RN, Franck Allisio. « Ce n’est pas moi qui l’ai fait perdre, mais son positionnement ambigu », se défend aujourd’hui le maire de Marignane.
Proche du président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (Renaissance), Eric Diard a bénéficié de la bienveillance du parti macroniste, qui n’a pas présenté de candidat dans cette circonscription. Puis a reçu, entre les deux tours, le soutien de la gauche. Une double faute pour Eric Le Disses dans une circonscription dont les deux principales communes, Vitrolles et Marignane, faisaient partie des quatre villes conquises par le Front national en 1995.
Lui estime être « droit dans ses valeurs » en se rapprochant du RN : « Je ne veux plus adhérer à aucun parti, mais je me reconnais dans les formations qui me parlent de mon pays, n’ont plus honte d’être de droite et portent un discours sécuritaire et anti-immigrationniste qui correspond à ce qu’une grande partie des habitants de cette circonscription attend. » S’il prend régulièrement son petit déjeuner dans une pâtisserie turque du centre de Marignane, Eric Le Disses voit dans les migrants « des personnes qui n’ont pas l’esprit de résistance, car ils quittent leur pays ». L’élu, qui, selon certains anciens visiteurs, a longtemps eu un portrait de Vladimir Poutine dans son bureau, regrette aussi que le gouvernement « s’occupe plus du problème ukrainien que de ceux des Français ».
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