Marine Le Pen s’est efforcée, mercredi 28 février, de dissiper le trouble suscité dans les rangs du Rassemblement national (RN) par les critiques de Jordan Bardella au sujet des prix planchers des produits agricoles.
« J’ai lu avec attention les propos tenus par Jordan et c’est exactement ce que nous proposons », a affirmé la triple candidate à la présidentielle, lors d’un déplacement au Salon de l’agriculture à Paris.
« Si vous mettez en place des prix planchers au niveau français, c’est une trappe à pauvreté parce que, précisément, on ira se fournir sur le marché européen », avait déclaré lundi le président du parti et tête de liste pour les Européennes, sur France Bleu, évoquant le projet esquissé samedi par Emmanuel Macron, lors d’un débat improvisé avec des agriculteurs, au salon de la porte de Versailles.
Or, en 2022, la candidate à la présidentielle Marine Le Pen proposait dans son programme de « permettre l’intervention de l’Etat dans l’élaboration des indices utilisés pour fixer des prix minimums » et, il y a trois mois, le député RN Grégoire de Fournas avait encore déposé un amendement proposant qu’« aucune matière première agricole issue des importations ne [puisse] être commercialisée à un prix inférieur au prix plancher d’achat des matières premières agricoles fixé par la conférence publique de filière ou le pouvoir réglementaire ».
Députés « moins intelligents »
Les propos de Jordan Bardella ont semé une confusion certaine chez les cadres du RN et la question était à l’ordre du jour d’une réunion des députés d’extrême droite, mardi matin, en présence de Marine Le Pen, mais sans le président du parti. L’un des participants, qui accompagnait ce dernier, la veille, au Salon de l’agriculture, a expliqué sans totalement convaincre avoir « entendu toute la journée » que les prix planchers, « ça n’est pas la solution et ça ne peut pas être une fin en soi ».
« On n’a pas été assez prudent », euphémisait un député lepéniste interrogé par l’Agence France-Presse après le rendez-vous, appelant à « lever » une « ambiguïté ». « Il faut que Jordan s’explique », abondait un autre, invitant l’eurodéputé sortant à « faire un peu plus attention ». « S’il y a eu une incompréhension, c’est donc que c’était une erreur », soupirait-il.
« Il y en a qui sont moins intelligents que d’autres. Pour ne pas comprendre ce qu’a dit Jordan Bardella, [il] faut ne pas avoir écouté. Moi, j’ai parfaitement écouté ce qu’il a dit et j’ai parfaitement compris », a poursuivi Marine Le Pen. « Si on met en place des prix planchers en laissant les accords de libre-échange, en baissant la production agricole, en multipliant les normes environnementales qui renchérissent les prix, alors on crée un avantage pour les importations et un appauvrissement généralisé des agriculteurs », a-t-elle ajouté.
Marine Le Pen s’en est par ailleurs pris à la proposition de La France insoumise d’instaurer des prix planchers que les députés RN avaient pourtant votée. « On considérait qu’il fallait lancer un signal au gouvernement », sans être « fondamentalement d’accord sur la méthode utilisée » par LFI, s’est-elle justifiée. « Mais, compte tenu du problème de rémunération des agriculteurs, on a fait un vote d’appel à l’aide pour les agriculteurs. »
