Clément Rochefort (récitant), divers solistes, Les Frivolités parisiennes.
Les Frivolités parisiennes ont revisité avec succès plusieurs opérettes composées par Maurice Yvain (1891-1965) en liant étroitement théâtre et musique. On se demande alors comment, sans la dimension visuelle, cette interprétation de Yes ! (1928) va pouvoir conserver son intérêt dramatique et ne pas verser dans la succession de numéros chantés. La réponse ne tarde pas, les scènes parlées sont résumées par un narrateur. Remarquablement écrit par Christophe Mirambeau, le texte permet à Clément Rochefort d’exploiter toutes les nuances de sa palette d’homme de radio (il officie d’ordinaire sur France Musique). On n’a alors aucun mal à suivre l’intrigue de ce fringuant vaudeville (Totte, manucure de son état, accepte d’épouser Maxime, à Londres, pour contourner le mariage forcé qu’a prévu son père) et à savourer airs et ensembles (dont le célèbre « Si vous connaissiez papa ») comme à l’écoute d’une retransmission à la TSF d’antan. Avec ce « truc spécial Frivolités » qui, des soutiens d’appoint (Tiphaine Chevallier, Servane Brochard, Marion Dhombres), aux solistes tout feu tout flamme (Sandrine Buendia, Matthieu Dubroca, Amélie Tatti), invite l’auditeur à lancer un « Yes ! » jubilatoire. Pierre Gervasoni
- Elisabeth Jacquet de la Guerre
Céphale et Procris
Reinoud Van Mechelen, Déborah Cachet, Ema Nikolovska, Lore Binon, Gwendoline Blondeel, Marc Mauillon, Lisandro Abadie, Samuel Namotte, Chœur de chambre de Namur, A nocte temporis, Reinoud Van Mechelen (direction).
Elisabeth Jacquet de la Guerre, fille d’un organiste parisien, est âgée de 5 ans lorsqu’elle joue du clavecin devant Louis XIV, et de 29 ans lorsque sa tragédie lyrique, Céphale et Procris, est créée en 1694 à l’Académie royale de musique, consacrant pour la première fois une femme. Le synopsis narre les amours malheureuses des deux héros, en butte aux manœuvres jalouses de la déesse Aurore et du venteux Borée. La pauvre Procris en mourra, inopinément blessée par celui qu’elle aime. Après un prologue animé, l’écriture fait la part belle au talent de mélodiste de la musicienne, dont l’inspiration ira croissant au fur et à mesure que le drame se noue, jusqu’au dépouillement progressif de la scène finale particulièrement intense dans sa retenue. Le haute-contre Reinoud Van Mechelen, à la tête de l’ensemble A nocte temporis, chante Céphale et dirige avec une grande expressivité, doublement attentif à soigner la prosodie, jusque dans les récitatifs, ainsi que les parties dansées élégamment contrastées. A ses côtés, Déborah Cachet campe une Procris sans mièvrerie. Mais c’est l’envieuse Aurore d’Ema Nikolovska dont la nature féline saisit, qui déploie un arsenal vocal entre griffure, morsure et fourrure. Le reste de la distribution est à la bonne mesure d’une musique dont l’inventivité reste encore à découvrir. Marie-Aude Roux
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