Home » « Même dans les villes les plus bombardées, les gens continuent avec acharnement à aller au travail, à créer des business, à se cultiver »

« Même dans les villes les plus bombardées, les gens continuent avec acharnement à aller au travail, à créer des business, à se cultiver »

by Marko Florentino
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Paris, le 10 mai 2024

Chers lecteurs,

Sasha m’envoie des petites photos avec des châtaigniers tout verts, presque fleuris. J’adore cette époque de l’année à Kyiv [Kiev, en ukrainien], elle a une odeur très particulière que je peux sentir rien qu’en fermant les yeux. Avec la Pâque orthodoxe et surtout l’anniversaire de ma sœur, d’habitude, c’est une période où nous avons beaucoup d’occasions pour nous retrouver en famille. Mais, cette année, je ne serai pas à leurs côtés. Je ne peux pas me permettre de partir avec un nourrisson : les attaques des rachistes [contraction de « russes » et de « fascistes »] sont très régulières.

Ces souvenirs me renvoient au temps où je chantais dans un groupe de rock. J’avais un peu plus de 20 ans et, avec une très bonne copine, on passait nos soirées à sortir et à aller à des concerts. Elle s’appelle Sonia. Elle vit toujours à Kyiv et elle a deux enfants. Je l’ai appelée récemment en visio. Elle n’a presque pas changé : toujours avec ses cheveux roux flamboyants ! Mais elle a un nouveau tatouage que je n’avais jamais vu, la lettre « ï », en jaune et bleu, aux couleurs du drapeau ukrainien. Je vous explique : c’est une lettre propre à l’alphabet cyrillique ukrainien, qui le différencie de l’alphabet russe.

Se faire tatouer cette lettre est devenu très courant chez les Ukrainiens. Je lui ai demandé si elle n’avait pas peur qu’un jour, en Europe, les gens voient dans ce tatouage un symbole de nationalisme. Elle m’a rétorqué que toute confusion dans la compréhension du terme « nationalisme » disparaît avec le premier missile qui vole au-dessus de ta tête ! C’est plutôt du vrai patriotisme, de l’amour pour sa patrie.

Autre changement chez ma copine Sonia : la langue qu’elle parle. Elle vient de Soumy, une ville russophone non loin de la frontière avec la russie [Olga et Sasha ont choisi de ne pas mettre de majuscule à « russe » et à « russie »]. Depuis le 24 février 2022, elle ne parle plus qu’ukrainien et tout ce qu’elle regarde ou écoute est en ukrainien. Elle a dit à ses enfants de 6 et 9 ans qui regardaient les comptes TikTok d’influenceurs russes que, en faisant ça, ils leur permettaient de gagner de l’argent et donc de payer des impôts au gouvernement qui achète les bombes envoyées sur leur père au front.

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Ça a très bien marché : son fils a changé pour le TikTok anglophone ! Le mari de Sonia est médecin, il est parti au front il y a un an, où il est lieutenant dans une unité médicale. Comme il avait suivi un entraînement pendant un mois et demi, ils s’attendaient à ce qu’il soit appelé. Son équipe évacue les blessés des troupes d’assaut.

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