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Némésis, collectif xénophobe et « féministe » autoproclamé, et ses batailles idéologiques

by Marko Florentino
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Elles sont quelques dizaines tout au plus, mais parviennent régulièrement à faire parler d’elles. Les militantes du collectif Némésis, du nom de la déesse de la vengeance, groupuscule de la sphère identitaire française, ont multiplié ces dernières années les actions coups de poing. Le 27 juin, plusieurs d’entre elles ont fait irruption dans un rassemblement contre l’extrême droite organisé place de la République. A Besançon, le 9 avril, une de leurs membres était placée en garde à vue pour incitation à la haine après avoir brandi une banderole « violeurs étrangers dehors » lors du carnaval.

En janvier 2023, une cinquantaine de militantes s’étaient réunies devant la basilique du Sacré-Cœur, à Paris, la moitié en robe blanche, et l’autre moitié en hidjab noir, derrière une bannière « Quelle civilisation voulez-vous ? ».

A chaque fois, le message est le même : la principale menace qui guetterait les femmes françaises aujourd’hui serait l’homme d’origine étrangère, l’immigré. Un discours xénophobe auquel s’ajoute une revendication de féminisme.

« Pros de la communication »

Selon le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de la sphère identitaire, c’est l’affaire des viols de Cologne, début 2016, qui a servi de « catalyseur ». Après la nuit du 31 décembre 2015 au 1er janvier 2016, plus de 600 plaintes avaient été déposées pour des agressions sexuelles commises dans la ville allemande. La majorité des suspects arrêtés était des jeunes hommes d’origine étrangère. « Chez ces militantes, ça a attesté l’idée selon laquelle l’immigré musulman serait la nouvelle figure de l’ennemi », explique le chercheur.

Le collectif fait parler de lui, pour la première fois, en novembre 2019, lors de la manifestation organisée par le collectif féministe #NousToutes pour dénoncer les violences faites aux femmes. Plusieurs militantes font irruption dans le cortège en brandissant des pancartes ciblant les étrangers et se filment. La vidéo de l’altercation est immédiatement envoyée aux rédactions, notamment de médias d’extrême droite, par ces « pros de la communication politique », comme les qualifie Magali Della Sudda, autrice de l’ouvrage Les Nouvelles Femmes de droite (Hors d’atteinte, 2022).

La porte-parole du groupe, Alice Cordier (un pseudo), 26 ans, s’est fait connaître en passant dans l’émission de Cyril Hanouna sur C8, « Touche pas à mon poste », et dans « Les Grandes Gueules » sur RMC. Depuis octobre 2023, elle tient une chronique sur Radio Courtoisie. Dans le café du 15e arrondissement de Paris où nous la rencontrons en ce mois de mai, la jeune femme, grosses boucles d’oreilles dorées et blazer pied-de-poule, explique ne pas se reconnaître dans le féminisme actuel, « trop idéologisé par l’extrême gauche ».

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