Roger Federer retraité, Rafael Nadal éliminé dès le premier tour, Novak Djokovic fait figure, à Roland-Garros cette année, de dernier monstre sacré du tennis mondial. Avec « peu d’attentes mais beaucoup d’espoirs » pour la quinzaine, a-t-il confié à la presse. Car le triple vainqueur de la porte d’Auteuil, sacré à deux reprises lors des trois dernières éditions, n’est pas l’ultra-favori des pronostics, malgré sa place de numéro un mondial. A tout juste 37 ans, après un début d’année vierge de titre, une incongruité au regard de son immense carrière, il laisse entrevoir, pour la première fois, la possibilité d’un crépuscule.
En toute discrétion, le joueur apparaît dans Le Monde, le 1er septembre 2005, au détour d’une brève résumant les résultats des Français à l’US Open. Les lecteurs apprennent que, au premier tour de la compétition, Gaël Monfils « s’est incliné face au Serbo-Monténégrin Novak Djokovic ». Près d’un an plus tard, en juin 2006, à Roland-Garros, c’est à nouveau à l’occasion d’un match face à Gaël Monfils, un huitième de finale perdu par le Français, que Pierre Jaxel-Truer mentionne le « Serbe » – les Républiques de Serbie et du Monténégro viennent tout juste de se séparer. Le journaliste ne s’attarde pas trop sur ce jeune homme de 19 ans. Il décrit tout de même un athlète « doté d’une force de frappe brouillonne mais impressionnante ».
Lors de l’édition suivante, note Pierre Jaxel-Truer, « la Serbie s’invite parmi les grandes nations du tennis », avec, côté femmes, Jelena Janković et Ana Ivanović. Et chez les hommes, Djokovic, déjà sixième mondial. Dans la foulée, le 6 juin 2007, le reporter dresse un premier portrait de cette « star en devenir », dont la gestuelle ne le laisse pas indifférent : « Poitrine en avant, regard fier, droit devant. Novak Djokovic, à 20 ans, affiche déjà l’assurance d’un grand. Parfois, les bras s’agitent vers le ciel, une bordée de jurons fuse. Mais l’égarement ne dure jamais. » Repéré dès l’âge de 6 ans par l’ancienne joueuse Jelena Genčić, puis passé par l’Allemagne pour s’entraîner, Djokovic affiche, selon Le Monde, un « professionnalisme décontracté, dans un monde où l’image compte ».
Le journaliste souligne qu’il a, certes, « parfois irrité » en affirmant dès 2006 qu’il n’avait rien à envier à l’Espagnol Rafael Nadal, maître absolu de la terre battue. « Un procès pour “grosse tête” a immédiatement été instruit. Il semble avoir retenu la leçon. » Alors que le Serbe s’est qualifié pour les quarts de finale en juin 2007, Pierre Jaxel-Truer voit en lui « parmi la génération montante – Andy Murray, Tomáš Berdych, Richard Gasquet, Márcos Baghdatís… – le joueur le plus mûr ».
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