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« Organiser un pot de départ pour Philippe, vider la poubelle, apporter des petits gâteaux pour faire plaisir… »

by Marko Florentino
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A 26 ans, Paola (le prénom a été modifié), reconvertie dans le développement Web et récemment sortie de l’école 42 (fondée par Xavier Niel, également actionnaire du Monde à titre individuel), affirme ne pas avoir vécu de situation sexiste dans sa start-up, majoritairement masculine. A un détail près : « On est dans un petit open space avec une cuisine partagée. La plupart du temps, celles qui pensent à nettoyer, à sortir les poubelles, ce sont les femmes de l’entreprise, alors que nous ne sommes que trois sur douze salariés !, s’indigne-t-elle. Pareil pour l’organisation des afterworks. »

Alors que les inégalités salariales femmes-hommes sont de plus en plus documentées, le « travail invisible » en entreprise reste un angle mort : « Tout ce travail, souvent pris en charge par des femmes, qui est peu reconnu, pas ou peu rémunéré, et n’est pas inclus dans le travail productif », explique la sociodémographe Laurence Charton, professeure titulaire à l’institut national de la recherche scientifique (INRS) à Montréal.

Une sorte de charge mentale professionnelle. Cette expression du champ de la sociologie a été popularisée par la bédéiste Emma Clit sur des planches publiées sur Facebook et Instagram. L’autrice, informaticienne de formation, a, elle aussi, connu ces situations en entreprise. Plutôt que de parler de charge mentale, elle préfère l’expression cousine de « charge émotionnelle », soit le fait d’avoir toujours en tête le fait de prendre soin des autres et de les mettre à l’aise. « Cela inclut le fait de préparer un pot de départ pour Philippe qui part à la retraite, parce que personne n’y a pensé et qu’on ne veut pas qu’il se sente seul. De penser à vider la poubelle parce que ce n’est pas agréable quand elle déborde, d’apporter des petits gâteaux pour faire plaisir… », détaille-t-elle au Monde.

Une accumulation jusqu’au burn-out

« Lors de mon premier entretien d’évaluation, on ne m’a quasiment rien dit sur mon travail, juste que j’apportais de la fraîcheur, que j’étais souriante… Je n’ai pas eu d’augmentation. Ils étaient très contents de m’avoir, ironise-t-elle. Plus je me sentais soupçonnée d’incompétence par mes supérieurs − parce que je n’ai pas tendance à mettre mes compétences en avant, comme beaucoup de femmes −, plus je me rattrapais en étant souriante, en accomplissant ces tâches domestiques pour avoir l’impression de me rendre utile. »

Pour Rose, ces tâches « domestiques » l’ont conduite au burn-out. A peine diplômée de l’école de commerce Kedge, elle signe son premier CDI dans un cabinet de conseil en communication. D’abord consultante, elle devient rapidement responsable de la stratégie. A 27 ans, elle démissionne de son cabinet. C’est en travaillant à son compte qu’elle comprend à quel point elle en faisait « trop » pour la boîte.

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