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Ouvrir de nouvelles mines en Europe, un pari risqué

by Marko Florentino
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Un employé travaille sur une ligne de carottage minier dans l’usine de lithium de la multinationale française de minéraux industriels Imerys à Echassières (Allier), le 17 janvier 2024.

Rolf Kuby se réjouit. Le patron d’Euromines, le principal lobby minier européen, ne peut qu’être satisfait du nouvel objectif du continent, désormais inscrit noir sur blanc : au cours des prochaines années, de nouvelles mines de métaux devront ouvrir sur le sol européen. Le règlement sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act), publié vendredi 3 mai au Journal officiel, prévoit que l’Union européenne (UE) développe une capacité d’extraction d’au moins 10 % de sa consommation annuelle d’ici à 2030, une capacité de raffinage d’au moins 40 % et une capacité de recyclage d’au moins 25 %. Autrement dit, qu’elle lance des projets miniers et construise des usines de transformation, de raffinage et de recyclage.

Pour mettre en œuvre cette ambition, Rolf Kuby sait qu’il va falloir convaincre. « Nous devons démontrer que notre industrie n’est pas un mal nécessaire mais qu’elle représente une partie de la société, au même titre qu’un aéroport ou une ligne TGV, explique-t-il. On ne peut pas dire “je veux bien prendre l’avion mais je ne veux pas d’aéroport” ! Tout ce dont nous avons besoin, à la base, ce sont des matières premières. »

Le pari n’est pas mince. Ces dernières années, de nombreux projets ont été contestés en Espagne, au Portugal ou encore en Serbie, notamment pour des raisons environnementales. Alors que l’UE n’a cessé de fermer des mines depuis trente ans, délocalisant sa production à l’étranger, en rouvrir représente un changement d’époque. « Aujourd’hui, nous sommes dans un modèle linéaire dans lequel on extrait loin de chez nous, on produit loin de chez nous, on consomme ici, puis on renvoie nos déchets, résume Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire. Or, avec la transition, nous devons passer de cette économie invisible à un système visible. »

La transition énergétique a déjà fait apparaître, dans le paysage, des panneaux photovoltaïques, des éoliennes et des véhicules électriques. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, comme elle s’y est engagée, l’UE va devoir déployer massivement ces technologies bas carbone, indispensables à la lutte contre le réchauffement. Or celles-ci requièrent d’importantes quantités de métaux.

« Le lithium et les terres rares seront bientôt plus importants encore que le pétrole et le gaz, a expliqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l’état de l’Union en 2022. Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d’ici à 2030. Et c’est bon signe ! Cela montre avec quelle rapidité notre pacte vert pour l’Europe progresse. »

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