Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé le lancement de « plusieurs » nouvelles opérations « place nette XXL » contre le trafic de drogue en France, lundi 25 mars. Ces opérations simultanées ont eu lieu dans la métropole lilloise, dans l’agglomération lyonnaise, à Dijon et dans la région parisienne, notamment à Sevran (Seine-Saint-Denis) et à Colombes (Hauts-de-Seine), a précisé son cabinet. Au total, « 15 000 policiers, gendarmes et douaniers seront mobilisés cette semaine » en France pour ces opérations, selon le ministère de l’intérieur.
En fin de matinée, M. Darmanin, en déplacement à Roubaix, a fait savoir que « plus de 187 » personnes avaient été interpellées dans la matinée dans le cadre de ces opérations. Ce chiffre inclut l’opération menée le 19 mars à Marseille, où Emmanuel Macron s’était rendu.
« Nous avons un objectif de 850 personnes à interpeller », a déclaré M. Darmanin. « Nous sommes à peu près à un quart de cet objectif », a-t-il ajouté. « Notre travail collectif c’est de montrer à tous les habitants, et surtout à ceux des quartiers populaires, que la sécurité c’est pour eux. » Il a annoncé que d’autres opérations de ce type seraient menées « dans plusieurs autres agglomérations dans les jours et les semaines qui viennent ».
« Soit nous lâchons le travail contre la drogue et alors nous sommes comme les Pays-Bas, comme la Belgique, parfois comme l’Espagne, comme d’autres pays d’Amérique du Sud, aux mains des narcotrafiquants », soit « nous luttons contre une pieuvre dont on ne doit pas simplement couper les pattes mais atteindre la tête », a déclaré M. Darmanin.
« Vider la mer avec une petite cuillère »
Dans le Nord, où près de 900 policiers ont été mobilisés, le préfet a fait état 74 interpellations lundi matin, soulignant que l’opération était « multidélinquance », même si elle se concentre sur les stupéfiants. Un demi-kilo d’héroïne, quatre armes et 70 000 euros ont été saisis au moment de la visite du ministre, a annoncé Thierry Courtecuisse, directeur interdépartemental de la police nationale, faisant état de « saisies immobilières en perspective ».
Des opérations ont notamment eu lieu à Lille, Tourcoing et Roubaix, a précisé M. Darmanin. Il a estimé que les « difficultés » rencontrées par Roubaix, une des villes les plus pauvres de France, venaient comme à Tourcoing « notamment du trafic de drogue du fait de la proximité avec la Belgique ».
« On est en train de leur demander de vider la mer avec une petite cuillère », a estimé le député David Guiraud (La France insoumise), présent lors de la visite, en estimant que « le compte n’y est pas pour Roubaix » en matière d’effectifs « au niveau de la brigade des stups (…) de la protection des mineurs, de la police judiciaire ». « Qu’on fasse des opérations contre le trafic de drogue, pourquoi pas, mais les effectifs de police seront encore en souffrance », a-t-il réagi.
Dans l’agglomération lyonnaise, M. Darmanin a rapporté que l’opération avait lieu dans le quartier du Tonkin, à Villeurbanne, où il s’était rendu vendredi.
Guerre de territoire
Lors de son déplacement à Marseille, Emmanuel Macron avait mis en avant « une opération sans précédent, pour porter un coup d’arrêt aux trafics de drogue, assurer l’ordre républicain ». Selon la préfecture, 900 policiers, gendarmes et douaniers, avaient été mobilisés au premier jour de l’opération à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône. Trois jours après le lancement de l’opération, 22 kilos de stupéfiants avaient été saisis, 71 personnes placées en garde à vue, plus de 385 000 euros en liquide ou en avoirs saisis et quatre armes saisies.
La guerre de territoire pour le contrôle des points de deal a ensanglanté Marseille comme jamais en 2023, avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessés. Les magistrats marseillais avaient alerté au début du mois de mars au sujet de la puissance du narcotrafic. « Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille », s’était inquiétée Isabelle Fort, responsable du service qui s’occupe de la criminalité organisée au sein du parquet de Marseille, devant la commission sénatoriale d’enquête sur la lutte contre le trafic de drogue en France.