
Le coup d’envoi a été donné le 18 janvier. Pas moins de 90 000 soldats des 31 pays alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ainsi que de la Suède, qui devrait rejoindre officiellement l’Alliance à la suite de la ratification du Parlement hongrois lundi 26 février, sont mobilisés au premier semestre sur l’ensemble du Vieux Continent pour tester les capacités des armées alliées à déplacer rapidement des forces à travers tout le territoire afin de défendre le flanc oriental. « Steadfast Defender » est tout simplement le plus grand exercice de l’OTAN depuis 1988 et la fin de la guerre froide.
Une démonstration de force militaire deux ans après le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine. Sera-ce suffisant pour rasséréner les alliés alors que les mauvaises nouvelles se multiplient à quelques mois du sommet de Washington, du 9 au 11 juillet ? La réunion doit célébrer les 75 ans de l’institution créée sur les décombres de la deuxième guerre mondiale.
Au siège de l’OTAN, à Bruxelles, la placidité et la détermination du secrétaire général, Jens Stoltenberg, cachent difficilement l’appréhension, les doutes, voire la nervosité de certains face à la situation militaire plus que difficile en Ukraine, mais également face à l’avenir incertain. Ce n’est pas l’avenir du secrétaire général, qui devrait céder son fauteuil au printemps au premier ministre néerlandais, Mark Rutte – une majorité des alliés, dont les Etats-Unis et la France, le soutenant –, qui inquiète. Au contraire, l’ancien premier ministre norvégien veut prendre enfin sa retraite.
L’évolution du conflit en Ukraine inquiète avant tout. Faute de munitions et d’armes en quantité suffisante, l’armée de Kiev ploie sous le pilonnage incessant de l’armée russe. Après deux années de combats acharnés, elle a changé de commandement, et subi des défaites sur le front de l’Est ukrainien. Alors que les alliés européens peinent à soutenir militairement Kiev, le débat politique à Washington, où le Congrès bloque depuis plusieurs mois une enveloppe de 60 milliards de dollars (environ 55 milliards d’euros) d’aide militaire, affaiblit encore l’Ukraine.
Un nouveau modèle de force en développement
« Poutine ne doit pas pouvoir gagner cette guerre », rappelle régulièrement Jens Stoltenberg. Car, après l’Ukraine, les pays baltes et la Pologne craignent d’être les prochains sur la liste du Kremlin. Alors qu’au début des années 2000 l’OTAN s’était projetée en Libye et en Afghanistan, elle a dû renouer depuis la prise de la Crimée par la Russie en 2014 avec ses fondamentaux : sécuriser avant tout son territoire. Alors que la paix n’est plus garantie, selon M. Stoltenberg, de plus en plus d’alliés alertent sur une possible offensive de Moscou sur l’un des leurs dans les cinq ans à venir.
Il vous reste 53.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.