
Pour réduire l’impact des êtres humains sur l’environnement, ne faudrait-il pas réduire leur taille ? C’est le point de départ de la comédie américaine Downsizing (2017). Dans un monde surpeuplé, des scientifiques mettent au point une technologie pour permettre aux êtres humains de rapetisser. Et ce, afin d’atténuer la pression qu’ils font peser sur les ressources disponibles. A défaut de réaliser ce fantasme cinématographique, l’homme, pour des raisons diverses, cherche aujourd’hui à réduire les dimensions de ce qui l’entoure.
A commencer par celles de son lieu d’habitation. Waltraud Schmitt, 67 ans, a décidé de franchir le pas en 2021. Peu avant sa retraite, elle achète une tiny house et l’installe dans le Finistère. « C’était comme un flash. C’est exactement ce dont je rêvais : une maison en bois, écologique, en pleine nature, et petite. » Pour ne pas vivre recluse, elle s’installe dans un petit village où Jean-Daniel Blanchet, fabricant de tiny houses, accueille des jeunes couples, des retraités ou des divorcés qui veulent « s’aérer l’esprit ».
« On vit de manière rapprochée dans une ambiance amicale, on papote facilement », se réjouit Waltraud Schmitt. La réduction de son espace de vie, d’une surface de 14 mètres carrés (sans la mezzanine), l’incite à adopter un mode de vie plus minimaliste. « Ma douche est beaucoup plus petite. Je dispose d’un réservoir d’eau que je dois remplir. Inconsciemment, ça m’a amenée à réduire ma consommation. »
Produire autant dans un espace restreint
Si le phénomène reste encore marginal en France, il suscite déjà des critiques. « Il y a une forme d’indécence dans la débauche de moyens mis en œuvre pour vivre en tiny houses, à l’opposé d’une volonté de décroissance », regrette Thibaut Thomas, consultant en prospective. « Le récit de la tiny house est basé sur l’illusion de l’isolation par rapport au monde extérieur : j’ai mon jardin suspendu, mais je dois brancher mon ordinateur produit en Chine à la 5G parce que je suis free-lance… », raille-t-il.
Mais au-delà de l’esthétique, il y a aussi souvent la nécessité. Comme le racontait récemment le New York Times, aux Etats-Unis, le foncier, les matériaux et les taux d’intérêt ont tellement augmenté qu’une partie de la classe moyenne se tourne désormais avec pragmatisme vers les mini-maisons avec de mini-jardins, seul moyen d’accéder à la propriété. Certes encore marginale mais en plein développement, cette « grande compression » de l’habitat est encouragée par les pouvoirs publics et fait l’objet de programmes immobiliers où les biens s’arrachent comme des (très) petits pains.
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