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quand le livreur de Hideo Kojima prend les armes

by Marko Florentino
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Dans « Death Stranding 2 : On the Beach », le créateur de « Metal Gear Solid » renoue avec les codes habituels des superproductions vidéoludiques.

Sorti en novembre 2019, Death Stranding a été perçu comme annonciateur des confinements de 2020 : livrer des colis à des humains qui se terrent dans des bunkers après une catastrophe ; relier chaque habitation par une version futuriste d’Internet afin de reconnecter la poignée de survivants… Cette odyssée contemplative, dans laquelle la majeure partie de notre temps consiste à crapahuter avec de lourdes cargaisons à travers des landes pierreuses et des montagnes inspirées des paysages islandais, a également été une invitation au voyage durant cette période d’inactivité.

Clivant à sa sortie en raison de sa lenteur radicale, le jeu de Hideo Kojima, créateur révéré de la série Metal Gear Solid, s’est assuré un succès sur la durée : son studio, Kojima Production, fondé en 2015, revendique aujourd’hui 20 millions de joueurs et a lancé la production d’un film adapté.

Cinq ans se sont écoulés depuis la pandémie et Hideo Kojima n’entend pas faire du surplace. Death Stranding 2 : On the Beach, disponible jeudi 26 juin sur PlayStation 5, se mue en jeu d’action. Le héros, Sam Porter Bridges, incarné par Norman Reedus (The Walking Dead), peut désormais porter l’équivalent d’une petite armurerie high-tech dans son sac à dos. Pour peu que l’on se contente de suivre l’histoire principale, notre livreur se métamorphose régulièrement en Rambo pour des missions d’infiltration ou d’élimination des camps ennemis. « Tu t’es enfin décidé à échanger ta corde contre un bâton », résume le malfaisant Higgs.

« Bonjour, c’est le livreur »

Ceux qui seront attristés que Hideo Kojima renonce au rythme étiré, parfois éreintant, de son jeu précédent seront néanmoins comblés par le large éventail de missions secondaires. Elles nous envoient cheminer, parfois avec l’équivalent de deux frigos sur le dos, d’un point à l’autre des deux cartes proposées (Mexique, puis Australie) où l’on peut rejouer en boucle sur notre baladeur la bande originale éthérée, dont une partie a été composée par le Français Woodkid.

Ce n’est jamais du temps perdu : les services rendus sont gratifiés par des équipements variés qui rendent les affrontements suivants beaucoup moins répétitifs. Si nous n’avions pas toqué à la porte du bunker de ce militaire en choc post-traumatique, nous n’aurions pas eu notre fusil sniper. Et si nous n’étions pas descendus en rappel au pied d’une falaise récupérer les vinyles de la pop star japonaise Gen Hoshino, nous n’aurions jamais obtenu la version la plus dévastatrice du fusil à pompe.

La ligne droite est finalement la moins bonne façon d’appréhender cette expérience chronophage : durant la semaine que nous lui avons consacrée (soit 35 heures de jeu) nous avons à peine vu la moitié de la trame principale.

Au début du jeu, Sam Porter Bridges mène une existence paisible avec Lou, 11 mois.

Plus long que son prédécesseur, Death Stranding 2 : On the Beach nous a surtout paru mieux rythmé. Ses séquences narratives flamboyantes empruntent aussi bien au cinéma d’action asiatique, façon John Woo ou Zhang Yimou, qu’au cinéma hollywoodien, comme les James Bond de Sam Mendes. Le genre de la comédie musicale est même convoqué à quelques reprises, notamment lors d’un hommage appuyé au film Singing in the Rain, lors de la scène d’introduction du personnage de Rainy.

Un scénario plus digeste

Sans renoncer à son habituelle bizarrerie, Hideo Kojima se concentre cette fois-ci sur l’essentiel : son univers futuriste et les figures qui l’habitent. Il estompe les digressions (politiques ou métaphysiques) qui alourdissaient le précédent opus et met au premier plan son héros. Sam, et le joueur à travers lui, est ainsi secoué par un drame indicible qui nous hante encore quelques dizaines d’heures plus tard.

De gauche à droite, Tarman (George Miller), Fragile (Léa Seydoux), Sam (Norman Reedus) et Rainy (Shioli Kutsuna).

Dans les courts intermèdes intercalés entre chaque mission, les fêlures des personnages secondaires, incarnés par un casting international impressionnant, s’exposent elles aussi : Léa Seydoux susurre quelques mots empreints de culpabilité dans son sommeil ; Elle Fanning dort sanglée sur son lit ; George Miller, le réalisateur de Mad Max, qui, ici, campe le pilote de notre vaisseau, laisse une photo de son fils défunt en marque-page de son exemplaire de Moby-Dick… Dans Death Stranding 2, le lien profond qui unit les êtres est finalement autant celui du réseau que nous sommes chargés de déployer que le deuil qui hante les survivants.

Lire le portrait | Article réservé à nos abonnés Hideo Kojima, le cinéphile maître du jeu vidéo

En bref :

On a aimé :

  • les cailloux qui manquent de nous faire trébucher, les cours d’eau à traverser et les falaises à descendre en rappel avec l’équivalent d’une machine à laver sur le dos ;
  • la playlist, tantôt electro, tantôt folk ;
  • le casting quatre étoiles et la mise en scène cinématographique.

On a moins aimé :

  • les brigands qui vous repèrent à 300 mètres à la ronde mais sont incapables de s’apercevoir que leurs compagnons tombent comme des mouches.

C’est plutôt pour vous si :

  • vous aimez la randonnée ;
  • vous adorez les jeux vidéo à grand spectacle ;
  • vous avez Metal Gear Solid dans la peau.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous avez mal aux genoux ;
  • vous avez peur des fantômes.

L’avis de Pixels :

10 000 pas par jour/11 000 choses à faire



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