« Je cherchais quelqu’un de confiant, bien dans sa vie, pas désespéré d’être célibataire », liste Louise (le prénom a été modifié) en touillant son Coca avec détermination. Celle qui a 35 ans, en ballerines et lunettes à monture rose, nous a donné rendez-vous à côté de chez elle, dans un bistrot du 16e arrondissement de Paris. « Pour moi, la taille n’est pas un critère, le métier ou la religion non plus. L’agente m’a demandé s’il fallait qu’il ait des cheveux, j’ai répondu que franchement, à ce stade, ce n’était pas un critère majeur », balaye avec amusement la cadre d’une boîte d’informatique. Après des années à enchaîner les histoires de quelques mois, Louise s’est décidée, en octobre 2023, à s’inscrire dans une agence matrimoniale. « J’ai toujours voulu me poser, avoir une famille, et je voulais quelqu’un qui soit dans la même optique. Je vois l’agence comme un énorme filtre, qui fait un tri que je n’ai pas à faire moi-même », résume-t-elle.
A l’issue de la crise due au Covid-19, des jeunes, parfois en proie à une grande solitude, ont commencé à se tourner vers les agences matrimoniales. « Quand j’ai commencé mon activité, mes clients avaient entre 30 et 80 ans. Aujourd’hui, les plus jeunes ont 25 ans, et la tranche d’âge la plus importante se situe entre 35 et 50 ans », relate Aurélie Sorlin, 45 ans, qui nous reçoit en robe à fleurs, Brushing soigné et rouge à lèvres grenat, dans son bureau tout blanc du 6e arrondissement parisien. Les clients les plus jeunes passent la porte de l’agence Unicis-Paris Monceau Etoile en se disant fatigués des sites de rencontre, des rendez-vous avec des personnes « pas forcément motivées, pas libres, pas équilibrées. Quand on arrive ici, c’est un gage de sérieux », insiste l’agente, qui assure faire un « gros travail de sélection », en vérifiant l’identité et le statut marital des inscrits sur leur fiche d’imposition. Chaque adhérent est reçu dans ces bureaux pour un entretien d’une heure et demie, afin de faire état de ses projets de vie, de ses passions et, surtout, de ses critères en matière d’âme sœur. La prestation pour un an est facturée 1 900 euros ; voire 2 800 euros pour une durée illimitée et un maximum de quarante rencontres. Un ordre de prix assez classique sur ce marché.
Nicolas (le prénom a été modifié), Parisien de 28 ans, s’est inscrit chez Unicis en avril, alors qu’il sortait d’une relation de cinq ans. « Je suis assistant en ressources humaines : dans mon travail, je fais appel à des cabinets de recrutement. Je me suis dit qu’une agence matrimoniale, c’était un peu la même démarche : demander à une professionnelle de trouver quelqu’un qui corresponde à mes attentes », explique le jeune homme, qui a peaufiné ses critères de recherche lors de l’entretien de présentation. « Je suis assez grand, je préfère quelqu’un de plus petit que moi, avec une corpulence plutôt fine. Je cherchais aussi une personne câline, patiente, intelligente, avec qui il peut y avoir de la profondeur dans la discussion. J’aime bien les jeux de société, donc si je peux partager ça, c’est encore mieux », liste-t-il.
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