
Entre le VIe et le Ve siècle avant notre ère, selon les estimations traditionnelles, un certain Siddhartha Gautama, dit le « Bouddha » (« l’Eveillé », en sanskrit) aurait vécu et enseigné dans la moyenne vallée du Gange (nord de l’Inde actuelle). Il donna naissance à plusieurs communautés de disciples, qui allaient conserver et transmettre son enseignement à travers les siècles. Mais que sait-on de lui ?
Ecrire la vie de Siddhartha Gautama peut paraître une entreprise désespérée. En effet, si l’on trouve, dans l’abondante littérature bouddhique, nombre d’éléments à caractère biographique en ordre dispersé, la biographie du Bouddha « historique » [on distingue, par cette expression, le fondateur du bouddhisme des autres « éveillés » reconnus par une partie des fidèles] sous forme de récit suivi n’est devenue que relativement tard un genre à part entière.
Et l’on s’en doute, la légende s’en est largement emparée, rendant illusoire la quête de la véracité historique. D’ailleurs, pourquoi se limiter à la stricte vraisemblance historique et éliminer le merveilleux qui, depuis des siècles, a fourni un inépuisable répertoire pour l’ornementation des temples et monastères ?
La jeunesse d’un prince
Ce sont 547 vies, nous disent les textes, que le futur Bouddha a d’abord traversées, sous les formes les plus variées, avant de naître au sein du clan des Shakya, pour une ultime existence au cours de laquelle il allait parvenir à l’Eveil. Selon la légende, le roi Shuddhodana régnait alors à Kapilavastu, la plus belle des villes, pour le plus puissant des souverains de son temps. Les recherches archéologiques et historiques laissent plutôt penser que le clan Shakya était d’importance mineure, certainement vassal d’un autre souverain, et que la région où se trouvait Kapilavastu, sa capitale, n’était pas particulièrement prospère.
Deux sites archéologiques pourraient être identifiés à l’ancienne cité dans laquelle le futur Bouddha a passé sa jeunesse. L’un se trouve au Népal, l’autre en Inde – et l’affaire se trouve fâcheusement teintée d’intérêts politiques et économiques. Shuddhodana n’avait alors pas encore d’héritier. Son épouse, qui avait, peu de temps auparavant, manifesté son désir de respecter une période de continence, fait un rêve étonnant : elle voit un éléphant blanc doté de six défenses, que les sages consultés dès le matin interprètent comme présage d’une naissance à venir. Du moins n’est-ce un songe que dans les sources les plus anciennes : les textes les plus tardifs en font un épisode réel.
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