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Raphaël Glucksmann, l’adversaire européen que les macronistes n’avaient pas vu venir

by Marko Florentino
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Raphaël Glucksmann à son arrivée pour un meeting de campagne, à Villeurbanne (Rhône), le 1ᵉʳ mai 2024.

Feindre l’indifférence. Ce vendredi 12 avril, Emmanuel Macron dîne, au sortir de la cérémonie de remise de la Légion d’honneur à l’avocat Jean-Michel Darrois, aux côtés de l’écrivain François Sureau. L’ambiance est aux conversations informelles, on parle de tout et de rien, au rez-de-chaussée du palais de l’Elysée. La candidate du camp présidentiel pour les élections européennes du 9 juin, Valérie Hayer, peine à exister.

Mais le chef de l’Etat ne laisse rien paraître, comme persuadé qu’à l’approche du jour J, l’écart se tassera avec Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN). Quand soudain une ombre traverse le visage du chef de l’Etat. François Sureau, qui a pris ses distances avec Emmanuel Macron depuis le vote, en décembre 2023, du projet de loi sur l’immigration, ose évoquer devant le président la « belle campagne » que mène, à ses yeux, Raphaël Glucksmann, candidat de la gauche modérée. « Il lui manque une expérience de gestionnaire », rétorque le locataire de l’Elysée, pressé de passer à un autre sujet. A ses troupes, Emmanuel Macron a édicté une stratégie simple vis-à-vis du fils du philosophe André Glucksmann : « On l’ignore. »

Un mois plus tard, impossible de faire mine de ne pas voir l’adversaire. L’eurodéputé grignote, semaine après semaine, des points dans les sondages, se rapprochant dangereusement de Valérie Hayer. Dans les rangs socialistes, on se met à rêver du « croisement des courbes » qui hisserait le défenseur des Ouïgours en deuxième position du scrutin, derrière Jordan Bardella. La tactique traditionnelle du président de la République visant à installer, comme en 2019, un duel entre « progressistes » et « nationalistes », est contrariée par ce porte-voix d’une gauche modérée. Les électeurs « se défoulent » pour un « vote plaisir », soupire-t-on depuis l’Elysée, où l’on compare l’engouement pour la tête de liste du Parti socialiste (PS) et de Place publique à l’emballement suscité, en 2019, par Yannick Jadot, candidat des Verts. « Glucksmann, ça finit à 13 % », minore-t-on au sein de l’équipe de campagne Renaissance.

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Vent de panique

Mais sur les marchés, cadres et militants du camp présidentiel s’inquiètent. D’anciens électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2022 refusent poliment leurs tracts en vantant leur choix pour « Glusckmann ». « Raphaël Glucksmann nous prend des voix car nous avons droitisé notre discours et cela déçoit nos électeurs de centre gauche », se lamente la députée Renaissance du Loiret Caroline Janvier.

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