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Rebecca Struthers, éloge de l’horloge

by Marko Florentino
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Rebecca Struthers dans son atelier, à Leek, le 8 mars 2024.

Les pièces que Rebecca Struthers sculpte chaque jour dépassent rarement quelques centimètres carrés. Une fois assemblées, elles mesurent un mouvement infini : le temps. Horlogère indépendante, fondatrice, avec son époux, de la maison Struthers Watchmakers, la Britannique de 38 ans appartient à un milieu qui parvient encore à résister aux bouleversements technologiques. Au Royaume-Uni, il existe moins d’une centaine d’artisans experts en restauration ou en fabrication de montres. Et très peu sont des femmes. C’est pour témoigner de son parcours atypique et raconter l’histoire méconnue de la conception des montres qu’elle a écrit Hands of Time (« les mains du temps », Hodder & Stoughton, 2023), déjà traduit dans plusieurs langues mais pas encore en français.

Ayant grandi dans une famille modeste à Birmingham, l’un des foyers de la révolution industrielle, Rebecca Struthers a été élevée par des parents fonctionnaires dans l’administration publique. Rien ne la prédestinait à son métier. Adolescente, elle se rêvait médecin légiste, en feuilletant le célèbre précis du chi­rurgien Henry Gray, Gray’s Anatomy (1858). « J’ai toujours eu envie de comprendre comment les choses fonctionnaient. Le corps humain, c’est une mécanique spectaculaire, une machine molle. Dans l’horlogerie, il s’agit d’une machine métallique », esquisse-t-elle en guise de parallèle avec son activité.

Au lycée, sa curiosité de nerd est moquée et, en dépit de son engouement pour les sciences, ses professeurs ne l’encouragent pas à poursuivre dans cette voie. A 17 ans, elle abandonne l’école pour une formation d’orfèvre et de joaillerie.

« Syndrome de l’imposteuse »

Rebecca Struthers découvre alors qu’elle adore « mettre la main à la pâte ». Elle apprend à se servir des outils de précision, elle cisèle, elle polit, elle rivette au millimètre près. Elle imagine son projet de fin de formation : un planétaire – une représentation mobile du système solaire – où chaque astre est un bijou, pendentif, bague ou anneau. Sa « révélation » survient lors de la visite d’un atelier d’horlogerie. « Ce domaine se trouve au croisement de l’esthétique, où l’on joue avec son imagination, et de l’ingénierie, aux règles strictes, commente-t-elle. De plus, l’horlogerie touche à des domaines très variés : l’histoire, les sciences, le design, les arts… »

La jeune femme se lance pour plusieurs années dans l’étude de cet artisanat, soutenue alors par l’artisan horloger Craig Struthers, qui deviendra son mari. « On a chacun des compé­tences spécifiques. Je suis davantage technique. Je fais les recherches, lui est plus créatif. Il est aussi plus doué pour les méca­nismes les plus fins, qui demandent une grande dextérité. »

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