Rester ou partir ? A l’approche de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, lundi 20 janvier, les annonces autour du réseau social X se multiplient, que ce soit pour y rester ou pour en partir. Chez Les Ecologistes, la secrétaire nationale, Marine Tondelier, a déclaré dans la matinée qu’elle restait sur le réseau social X. Pendant que le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a, lui, fait part de sa décision de quitter le réseau social dirigé par Elon Musk.
Marine Tondelier, qui avait souhaité un départ groupé des députés du Nouveau Front populaire (NFP), « prend acte du fait qu’une très large majorité de parlementaires (membres du NFP ou non) a décidé de rester sur X, pour des raisons que je peux comprendre », écrit-elle dans un message publié sur X, soulignant qu’il en va de même pour les membres du gouvernement et « des autres chefs de parti du NFP ».
Marine Tondelier, qui plaide pour que X soit interdit en Europe, constate que le réseau social a été « mis au service des idées » de l’extrême droite par son propriétaire mais explique qu’« il reste indispensable à la fonction publique qui est la [sienne] ». « Si je ne défends plus l’écologie et les écologistes sur les terrains hostiles comme Twitter/X, qui le fera ? », demande-t-elle encore.
Elle promet de ne pas abandonner le combat sur cette plateforme, « même s’il se fait à armes très inégales ». Marine Tondelier va désormais « prioriser » d’autres réseaux alternatifs, comme Bluesky ou Mastodon.
Compte « inactif » mais « non supprimé »
Elle note que les élus des Ecologistes ont été « les plus actifs » pour quitter X. Une dizaine de députés, dont la cheffe du groupe, Cyrielle Chatelain, et l’élue féministe Sandrine Rousseau, ont annoncé leur départ de la plateforme le jour de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, ainsi que le chef du groupe sénatorial, Guillaume Gontard, l’ex-candidat à la présidentielle et candidat à la Mairie de Paris Yannick Jadot ou le maire de Lyon. En quittant X lundi, Sandrine Rousseau a ainsi interpellé les « progressistes » : « Ce réseau est devenu un forum d’extrême droite et surtout un outil de sa conquête du pouvoir. Y rester, c’est y contribuer. En partir, c’est s’organiser pour construire une alternative. »
De son côté, M. Doucet a dit « au revoir » au réseau social lundi, dans un message diffusé sur d’autres plateformes, dont Facebook et Instagram, du groupe américain Meta détenu par Mark Zuckerberg. « Depuis le rachat de la plateforme en 2022 par Elon Musk, il est évident que les règles ont changé », explique l’édile, pour qui « c’est désormais la loi du plus fort qui régit » le réseau social.
« Les communautés les plus féroces y règnent en maître, favorisées par un algorithme arbitraire et décomplexé », ajoute Grégory Doucet dénonçant « la violence quotidienne, des appels à la haine impunis et de l’intelligence artificielle diffamante ».
Le maire de Lyon, dont le compte est « désormais inactif » mais « non supprimé » pour éviter qu’il puisse « être utilisé à [s]on insu », « n’ignore rien de la récente allégeance de Mark Zuckerberg à la méthode Trump-Musk ». « Ce revirement du patron de Meta n’augure rien de bon pour les plateformes que sont Instagram ou Facebook », conclut l’élu, qui ferme également le compte X de la Ville de Lyon, « à l’exception de communication de crise grand public ».
Cette annonce survient après celle de la Ville de Paris, détenue par la socialiste Anne Hidalgo, qui avait annoncé le 16 janvier son intention de quitter le réseau social. « Par le biais de ses algorithmes, la toxicité croissante de X (ex-Twitter) empêche tout débat public équilibré et serein », a expliqué jeudi à l’AFP Patrick Bloche, premier adjoint à la maire socialiste.
Le Monde
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Plusieurs institutions et médias, français et européens, ont décidé de quitter X ces dernières semaines. En France, si certains responsables politiques à gauche s’interrogent, peu s’en sont retirés. En novembre 2023, Anne Hidalgo avait été la première personnalité politique française à cesser son activité sur ce réseau, où elle était suivie par 1,5 million de personnes.
« Ça a été un sacrifice pas évident, car elle a perdu beaucoup d’audience » en migrant sur d’autres plateformes, a commenté Patrick Bloche. Mais au sein même de la majorité municipale de la capitale, les avis divergent. Le coprésident du groupe communiste, Ian Brossat, s’était dit opposé à « une stratégie de retrait unilatérale ». « Que X pose problème, c’est une évidence, mais quitter le navire pour laisser les seules voix réactionnaires s’y exprimer, je n’en vois pas l’efficacité », estime-t-il.
De son côté, l’eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann a appelé sur Sud Radio à « un départ organisé », afin d’« amener le maximum de gens à partir de X », citant le cas de HelloQuitteX.
Montée par un collectif français et pilotée par une petite équipe de développeurs coordonnée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), cette application permet aux utilisateurs de transférer leurs abonnés et abonnements de X vers les réseaux Bluesky ou Mastodon, jugés « plus compatibles avec la vie privée et la liberté d’expression ».
« Ce n’est pas un appel au boycott de X mais à explorer de nouveaux espaces numériques », a assuré lundi à l’Agence France-Presse David Chavalarias, mathématicien au CNRS à l’origine de l’application.