Cette enquête a pris quatre ans, mais pas de façon continue. Disons que j’ai plutôt fonctionné par périodes : il y a eu des moments où l’enquête était très intense pendant plusieurs jours de suite, et d’autres où il n’y avait aucun nouvel élément pendant des semaines. Il faut savoir que, par ailleurs, je suis responsable au journal du service des grands reporters et des longs formats d’enquête, ce qui exige aussi beaucoup de travail. Calculer le nombre d’heures est totalement impossible… d’autant plus s’il fallait compter les moments où, même en vacances, je pensais à cette histoire.
J’ai persisté à essayer d’identifier ce photographe parce qu’un tel trésor ne pouvait rester anonyme et méritait la lumière. Comme je l’ai expliqué dans les articles, il est arrivé à un moment où cette quête est devenue pour moi quasi obsessionnelle. Par le passé, j’ai déjà fonctionné de cette manière sur trois ou quatre sujets d’enquête qui m’ont entraîné très loin dans le souci de vérité.
Pour répondre à votre troisième question, je dirais que pour moi le plus important était de faire connaître son histoire et son nom. Sa photo personnelle aurait permis d’incarner davantage le récit, mais ce n’était pas pour autant un élément décisif. Sachez que, avant le mois d’avril, je ne l’avais pas identifié, mais j’avais commencé à écrire les premiers volets de la série et j’étais décidé à la publier, même si je ne parvenais pas à identifier l’auteur des photos. Dans ce cas-là, le dernier volet de la série aurait été une sorte d’appel aux lecteurs pour m’aider à m’identifier le photographe. Finalement, tout s’est enchaîné après son identification, que j’ai faite grâce à l’aide décisive des responsables actuels du service Patrimoine du Printemps, Alessia Rizzo et Elise Butet.
Petite souris dans le passé