LETTRE DE ROME
En quelques mois, il s’est imposé comme une figure récurrente et populaire de l’espace public italien. Le général Roberto Vannacci, 55 ans, incarne depuis la sortie en août d’un pamphlet autoédité, Il Mondo a contrario (« le monde à l’envers », non traduit), le rôle d’un militaire au franc-parler réactionnaire qui en appelle au « bon sens » et qui, de rencontres publiques organisées dans toute l’Italie en entretiens dans la presse nationale, affirme dire tout haut ce que le pays profond penserait tout bas.
L’homme est prêt à s’attirer des ennuis avec sa hiérarchie et est ouvert à la possibilité de s’inventer une nouvelle carrière en politique après avoir exercé le métier des armes. L’ascension du militaire, de plus en plus présent dans les médias italiens, pourrait cependant être contrariée par une offensive judiciaire à son encontre, déclenchée fin février.
Pour le général Vannacci, l’appartenance à la nation italienne réelle exclut les personnes noires, l’écologie « idéologique » est une « pseudo-religion », Benito Mussolini fut un « homme d’Etat » et les féminicides sont une invention progressiste, pas plus légitime à décrire la réalité du phénomène que l’éventuel concept de « commerçanticides » ne le serait à décrire le meurtre d’un propriétaire de bureau de tabac.
Dénonçant par ailleurs les « règles d’inclusion et de tolérance imposées par les minorités », il considère que les homosexuels ne sont pas des « personnes normales ». Quand il s’exprime sur l’adoption d’enfants par les couples du même sexe, il écrit aussi : « Si ce n’est pas dans la nature de l’homme d’être cannibale, pourquoi est-ce que le droit à la parentalité devrait l’être ? »
Un livre vendu à 200 000 exemplaires
Les positions exposées dans son premier livre, l’un des plus grands succès d’édition de l’année passée avec 200 000 exemplaires vendus malgré l’absence de distributeur ou de service de presse, lui ont valu l’admiration de plus en plus affirmée de l’extrême droite italienne. Elles doivent d’ailleurs être étayées dans un nouvel ouvrage, une autobiographie au succès annoncé, Il coraggio vince (« le courage gagne »), dont la sortie est prévue le 12 mars aux éditions Piemme.
A quatre mois des élections européennes et alors que Matteo Salvini, secrétaire de la Ligue (extrême droite), vice-président du conseil et ministre des infrastructures du gouvernement de Giorgia Meloni, répète à l’envi son désir de voir le général Vannacci apparaître sur les listes de son parti, la nouvelle égérie de la droite dure doit faire face à de récents et nombreux obstacles.
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