« J’ai eu la chance de changer de poste tous les quatre ou cinq ans. Cela m’a permis de rester toujours sur le qui-vive, constamment motivé », avait déclaré Satya Nadella, peu après sa nomination à la tête de Microsoft, le 4 février 2014. Dix ans plus tard, il est devenu l’inamovible dirigeant de la firme de Redmond (Washington), lui qui a récupéré les fonctions de président en juin 2021. Seul Bill Gates, le cofondateur de Microsoft en 1975, avait jusque-là cumulé ces deux casquettes de président et de directeur général.
Les résultats de M. Nadella plaident en sa faveur. Sous la direction de cet Indien de 56 ans, Microsoft est devenue, en janvier, la plus grosse capitalisation boursière mondiale, franchissant la barre des 3 000 milliards de dollars (environ 2 800 milliards d’euros), devant Apple.
Quand Satya Nadella prend les commandes du géant de l’informatique, Microsoft pèse à peine plus de 300 millions de dollars en Bourse et a tout d’une belle endormie qui vit sur ses lauriers, grâce au succès persistant de son système d’exploitation Windows et de sa suite de logiciels de bureautique Office. Mais la compagnie, sous l’égide du successeur de Bill Gates, Steve Ballmer (2000-2014), manque le virage des smartphones, brèche dans laquelle Apple s’engouffre. Le rachat de Nokia, en septembre 2013, pour 7,2 milliards de dollars, ne permet pas à la firme de revenir dans la course.
A peine succède-t-il à Steve Ballmer que Satya Nadella conduit le plan de licenciement le plus massif de l’histoire de Microsoft, portant sur 18 000 emplois (soit 14 % des effectifs), essentiellement chez Nokia (12 500). « Il a su prendre très vite des décisions fortes pour arrêter les dégâts », souligne Thomas Husson, analyste chez Forrester, qui insiste aussi sur le changement de paradigme qu’incarne le natif d’Hyderabad, en Inde : « Comparé à un Ballmer gouailleur, Nadella installe une culture de l’innovation plus ouverte, plus modeste et plus rigoureuse. » Le nouveau patron réforme les méthodes de management, en rompant avec la méthode de travail en silo, très verticale, du géant américain.
Recours aux acquisitions
Pour M. Nadella, Microsoft doit prendre des risques. Dirigeant de la division cloud de Microsoft avant sa promotion, le nouveau patron fait alors de l’informatique dématérialisée sa priorité. « Notre industrie ne respecte pas la tradition. Elle respecte seulement l’innovation », explique-t-il. Il tire un trait sur la culture de l’exclusivité de ses produits qui prévalait jusque-là. Dès 2014, les logiciels Office sont rendus disponibles sur les ordinateurs d’Apple.
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