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Sur le rivage de l’Adriatique, les plages du masculinisme

by Marko Florentino
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Retrouvez tous les épisodes de la série « Plages d’Italie » ici.

Sur la terrasse d’un des innombrables hôtels qui longent la côte Adriatique, « Zizi » et ses amis observent le ballet des belles mécaniques, autour d’une bouteille de prosecco. En cet après-midi d’été, des automobiles de collection paradent dans la rue principale de Torre Pedrera, une station balnéaire voisine de Rimini (Emilie-Romagne). Toutes anciennes, américaines, rutilantes. « Zizi » est un connaisseur : à son âge d’or, dans les années 1970, il faisait monter ses conquêtes à bord de son Alfa Romeo décapotable. L’autoproclamé « play-boy de la riviera romagnole » prétend avoir séduit dix mille femmes. « C’est du vent !, le chambrent ses copains. “Zizi” a sorti ce chiffre pour faire de l’ombre à “Zanza”, son rival, qui disait avoir mis six mille nanas dans son lit»

Maurizio Zanfanti, alias « Zanza », est mort d’un infarctus dans la voiture où il venait d’avoir un rapport sexuel avec une touriste de 23 ans. Il en avait 63. Son enterrement à Rimini, en 2018, prit des airs de funérailles d’Etat. En juin, les 80 ans de « Zizi » – Paolo Cima pour l’état civil – ont rassemblé presque autant de monde, plus de deux cents personnes, selon l’intéressé. « Il n’y a personne comme moi », lit-on sur son tee-shirt, où figure une image de lui en slip de bain, gonflant ses biceps. Récemment, le Corriere della Sera l’a campé, avec sa crinière poivre et sel, en « lion épuisé ».

Le Latin lover nous tend plusieurs albums aux photos jaunies : « Zizi » en fourrure, aux bras de jeunes Allemandes ; « Zizi » barbu, embrassant des Scandinaves ; « Zizi » au Number One, une boîte locale… L’établissement a plié boutique, comme bien d’autres dans la région. Parmi les seules rescapées des années fastes et festives du tourisme romagnol subsiste la Baia Imperiale, avec son décor d’aigles et de colonnades, emprunté à l’Empire romain.

Beauté un peu décatie

Le déclin remonterait à 1989, à en croire Enea Conti, le journaliste chargé de couvrir la région pour le Corriere della Sera. « Cette année-là, explique-t-il, l’eau a été infestée de “mucilage” [une substance gélatineuse, surnommée la « morve de mer »]. Et, avec la chute du mur de Berlin, puis l’arrivée des compagnies low cost, la riviera a souffert de la concurrence d’autres destinations. Mais elle reprend du poil de la bête. »

Pour nous convaincre, le reporter nous a donné rendez-vous au Bagno Tiki 26, un établissement balnéaire emblématique de Rimini. Le gérant, Gabriele Pagliarani, s’est inventé un personnage : il est le bagnino d’Italia (le « maître nageur de l’Italie »). Le voilà posant en marcel et short bleu foncé, bras ouverts, visage solaire et souriant, aux côtés de deux femmes en tenue de carnaval brésilien. « Ma fille, qui étudie la communication, m’a conseillé d’ouvrir un profil Instagram, dit le vibrionnant quinquagénaire. J’arpente toute la côte Adriatique, du nord au sud, à la rencontre de mes collègues plagistes. Sur les réseaux, je montre le vrai visage, accueillant, chaleureux, de notre métier. »

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