![Robert Badinter est mort, dans la nuit du 8 au 9 février, à l’âge de 95 ans.](https://img.lemde.fr/2024/02/09/0/0/5748/4000/664/0/75/0/46c5135_1707506288105-120271.jpg)
Un hommage national sera rendu à l’ancien ministre de la justice et avocat Robert Badinter, initiateur de l’abolition de la peine capitale en France, mercredi 14 février à midi, place Vendôme, à Paris, où se situe le ministère de la justice, a annoncé l’Elysée, samedi 10 février.
La disparition de Robert Badinter, dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 95 ans, a suscité de nombreux hommages. Le président de la République, Emmanuel Macron, a salué sur X « une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français ». Il a ensuite annoncé, lors d’un déplacement à Bordeaux, qu’un « hommage national » lui serait rendu.
Interrogé par la presse lors de ce déplacement, le chef de l’Etat a précisé qu’il s’exprimerait, lors de cet hommage, sur la question d’une éventuelle entrée au Panthéon de l’ancien président du Conseil constitutionnel. « Ces choses-là prennent du temps », a-t-il toutefois affirmé.
Recueil de condoléances place Vendôme
« Il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L’abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France », a écrit sur X le premier ministre, Gabriel Attal.
Le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, avocat, a évoqué un « garde des sceaux visionnaire » qui « laisse un vide à la hauteur de son héritage : incommensurable ». Ce dernier a décidé d’ouvrir, depuis vendredi soir et jusqu’à dimanche soir, les portes du ministère de la justice (1er arrondissement), où un recueil de condoléances a été mis à la disposition du public.
Ministre de la justice et garde des sceaux (1981-1986) de François Mitterrand, Robert Badinter porta la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort dans une France alors majoritairement en faveur de ce châtiment. Il s’investit par la suite, jusqu’à son « dernier souffle de vie », selon ses propres mots, pour l’abolition universelle de la peine capitale.
Son combat contre la peine de mort trouve son origine au matin du 28 novembre 1972 : un de ses clients, Roger Bontems, complice d’une prise d’otages meurtrière, vient d’être guillotiné. « Je me suis juré, en quittant la cour de la Santé ce matin-là à l’aube, que toute ma vie je combattrais la peine de mort », avait-il déclaré à l’Agence France-Presse en 2021.
En 1977, il évite la peine capitale au meurtrier d’enfant Patrick Henry, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Après cela, cinq autres hommes échappent grâce à lui à l’échafaud. Ce qui lui vaudra d’être haï pendant longtemps pour son supposé laxisme à l’égard des criminels.
En août 1982, il fait voter la dépénalisation de l’homosexualité. A son actif aussi, la suppression des quartiers de haute sécurité, l’accès des justiciables français à la Cour européenne des droits de l’homme et une loi sur l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation.
Après son départ du gouvernement, il a présidé durant neuf ans le Conseil constitutionnel (1986-1995).
Sénateur socialiste de 1995 à 2011, il a la satisfaction de voir l’abolition de la peine de mort inscrite dans la Constitution en 2007.