C’est un « moment historique » s’est réjoui, mercredi 24 juillet, le professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida-maladies infectieuses émergentes. Mais seuls les participants à la conférence internationale sur le sida, à Munich (Allemagne), ont eu la chance d’y assister. Cette grand-messe bisannuelle rassemblait plus de dix mille acteurs du domaine – médecins, chercheurs, communautés et activistes, décideurs politiques et industriels –, de tous pays, sous l’égide de la Société internationale sur le sida.
Dans un silence quasi religieux, Linda-Gail Bekker a pris la parole pour annoncer les résultats très attendus d’un essai clinique, publiés le même jour dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine. Professeure de médecine à l’université du Cap (Afrique du Sud), elle a interpellé le public : chez de jeunes femmes africaines, une population très exposée au VIH, pouvait-on prévenir le risque d’infection en administrant, en seulement deux injections par an, un médicament antirétroviral innovant, le lénacapavir, du laboratoire Gilead ? La réponse est oui.
Et quand, sur les neuf écrans géants qui retransmettaient sa présentation, Linda-Gail Bekker a annoncé « zéro infection », dans le groupe ainsi traité, une salve d’applaudissements l’a interrompue. Un peu plus tard, c’est une standing ovation qui l’a saluée, à la fin de sa présentation.
Objectifs de l’ONU encore loin
Pourquoi un tel enthousiasme ? Après tout, il existe déjà, pour les personnes à risque d’infection, un traitement médicamenteux préventif, la fameuse prophylaxie pré-exposition (PrEP), disponible depuis 2012 aux Etats-Unis, 2015 en France. Ce traitement, le plus souvent, impose la prise quotidienne d’un comprimé associant deux antirétroviraux (emtricitabine et ténofovir), initialement commercialisé sous la marque Truvada (Gilead), aujourd’hui disponible en générique.
Récemment, le Truvada a été reformulé pour présenter un meilleur profil d’innocuité. Plusieurs essais cliniques l’ont prouvé : quand la PrEP est bien prise, le risque de contamination est infime, et ce traitement préventif est désormais recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Or, dans les pays riches, la communauté gay, très sensibilisée au risque, montre en général une bonne observance du traitement oral. Mais les jeunes femmes hétérosexuelles « ne s’inquiètent pas », relève la professeure Bekker. Chez elles, de fait, « l’observance de la PrEP orale est très insuffisante », renchérit Jean-Michel Molina, chef du service de maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).
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