A la recherche d’une trouée, Laurent (qui préfère taire son nom) grimpe le chemin étroit et caillouteux sur le flanc de la cévenne de Caïx (Lot), une falaise de calcaire de 197 mètres de hauteur. Il s’arrête entre deux arbres, où l’horizon s’éclaircit. En contrebas, dans le méandre du Lot, se niche une base de loisirs installée à Caïx depuis 1986. Désertée par ses utilisateurs en ce début d’automne, elle fait l’objet d’une réhabilitation en raison de sa vétusté, mais aussi d’un projet de création de téléski nautique sur la partie la plus large et la plus profonde de la rivière. « Je ne comprends pas cette idée », confie cet habitant du hameau de Luzech.
Cette infrastructure, la première en France sur une rivière, se composerait de deux parcours : un aller-retour pour les débutants et une boucle de 470 mètres. La solution technique envisagée est de dresser huit pylônes de 2 tonnes chacun, hauts de 12 mètres, enfoncés dans des socles en béton fixés de part et d’autre des deux berges.
« J’ai fui le béton en quittant la région parisienne. Or, il me rattrape. C’est terrible et cela ne me convient pas, conteste Laurent, propriétaire de gîtes et membre de L’Appel de la forêt, un collectif départemental qui rassemble plus d’une centaine de sympathisants écologistes. Cela va à l’encontre du tourisme que les gens viennent trouver chez moi, tourné vers la nature et le patrimoine. »
Absence d’étude d’impact
Ecolot, l’entreprise porteuse du projet, a mandaté la société allemande Rixen Cableway, qui se présente comme le leader mondial du téléphérique de ski nautique, pour réaliser une étude de faisabilité sur l’aménagement, plans à l’appui. Celle-ci a été intégrée dans le dossier de rénovation de la base nautique transmis à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Dans sa décision rendue le 12 juillet, le service de l’Etat dispense, après examen, le projet d’une étude d’impact. Or, pour Bernard Delluc, le secrétaire général de l’Association des amis de Caïx, elle serait indispensable. « Une étude environnementale permettrait à l’association de faire connaître sa position lors de l’enquête publique. Car, sur ce dossier, nous avons été ignorés, s’indigne-t-il. Nous sommes favorables à la rénovation de la base. Mais elle doit rester familiale et conviviale. »
L’opposant relève plusieurs manques dans le chapitre consacré au téléski. « Alors qu’on est dans une zone ultraprotégée – la partie basse du Lot et la cévenne sont situées dans une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique –, le dossier minimise fortement les surfaces à artificialiser : il ne fait nullement mention des plateformes et ancrages arrière des poteaux, des pontons arrimés sur les berges, des renforts de protection et d’évitement en cas de crue et d’une dizaine de corps flottants », énumère-t-il. M. Delluc mentionne également la destruction potentielle des ripisylves – des petits bois installés sur les berges – et l’absence d’évaluation d’impact sur le milieu aquatique.
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